En marge du premier conseil de l'agriculture et de la pêche de sa présidence le 15 juillet 2024, la Hongrie a consacré le déjeuner du jour à « la protection des traditions culinaires de l’Europe contre les nouveaux aliments ». Derrière cette formule, il faut surtout y lire une volonté de lutter contre les alternatives aux produits carnés, les insectes comestibles, voire les plats traditionnels des autres continents.

Au cours d’une conférence de presse à la fin de la journée, le ministre de l’Agriculture hongrois Istvan Nagy a rapporté que les ministres, sans rentrer dans le détail, avaient convenu de l’importance de sensibiliser les consommateurs à ces questions. Un consensus semble s’être dégagé pour envisager un cadre législatif qui intégrerait les sujets éthiques, sociaux et environnementaux qui y sont liés.

Traditions culinaires

Voilà qui rappelle une initiative, portée par la France, l’Autriche et l’Italie en janvier 2024, qui poussait la Commission à créer un comité sur l’impact social de la viande artificielle. Le conseil agricole avait demandé à la Commission de ne pas accorder d’autorisation de commercialisation de la viande cellulaire tant que ce comité n’avait pas rendu une étude d’impact sur le sujet.

Les ministres italien et autrichien se sont déclarés alignés sur la position hongroise mais le journal en ligne Euractiv, spécialisé sur les questions européennes, rapporte que plusieurs ministres avaient exprimé des réticences. Le flou qui entoure l’expression de « traditions culinaires » ouvrait la porte à des interprétations non désirées. Le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, y voit une façon de masquer un débat sur les nouvelles techniques génomiques que, par ailleurs, la présidence hongroise se voit contrainte de démêler au plus vite.