C’est la demande phare de l’initiative citoyenne « End of the cage age » (1). L’arrêt de l’utilisation des cages en élevage pourrait être entériné dans la future réglementation relative au bien-être animal, qui sera proposée par la Commission européenne à l’automne 2023. Cette mesure « n’a paradoxalement jamais fait l’objet d’une analyse d’impact », constatent le Copa (syndicat européen des coopératives) et la Cogeca (syndicat européen des agriculteurs).

Pour y remédier, les deux organisations ont commandé une étude sur les conséquences économiques, sociales et environnementales de l’interdiction des cases de mise bas pour les truies et des cages aménagées pour les poules pondeuses. Trois scénarios sont sur la table : une transition « immédiate » à l’horizon de 2025, une transition à l’horizon de 2035 et une transition à l’horizon de 2045.

Balance commerciale plombée

« La production de viande porcine devrait diminuer de 23,6 %, 8,4 % ou 0,5 %, en fonction du scénario retenu », rapporte le Copa-Cogeca. S’agissant des poules pondeuses, la baisse de production « devrait être moins importante ». Pour autant, « dans la plupart des scénarios, la demande du marché intérieur ne diminue pas proportionnellement à la baisse de la production ».

Par conséquent, les importations pourraient s’envoler de 43,7 % à 1 086 %, selon les scénarios en viande porcine, et de 5 à 18 % pour les œufs. À l’inverse, les exportations communautaires pourraient diminuer. « Pour les trois scénarios, la balance commerciale de l’Union européenne à 27 serait en déficit pour ces secteurs importants de la production animale d’ici à 2045 », s’inquiète le Copa-Cogeca dans un communiqué diffusé le 22 juin 2023.

« Fuites de carbone »

Dans les élevages porcins, un besoin « d’investissements importants dans de nouvelles cases et dans la reconstruction de bâtiments existants » est identifié. La facture s’élèverait entre 2,1 milliards et 3,5 milliards d’euros à l’échelle européenne. Pour les volailles, 3,2 milliards d’euros seraient nécessaires. D’après le rapport commandé par le Copa-Cogeca, une « intensification de la production » est à prévoir, puisque « les plus grandes installations seront en mesure d’investir dans la transition, allant à l’encontre de la vision de la Commission européenne pour le secteur agricole ».

Par ailleurs, la « délocalisation » des productions porcines et de volailles liée à la hausse des importations pourrait occasionner des « fuites de carbone » ainsi « qu’une incidence sur la biodiversité et le bien-être des animaux au sein des pays qui n’appliquent pas nos normes de production ».

(1) « La fin de l’ère des cages ».