Les chiffres impressionnent : 30 à 70 % des poules en élevages commerciaux présentent des dommages au bréchet, rapporte l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), dans une étude publiée le 14 avril dernier. Cet os, situé au-dessus de la poitrine de l’animal, peut présenter une fracture ou une déviation (courbure non naturelle). Si l’impact des dommages au bréchet sur les performances de ponte est minime, la poule subit malgré tout une « douleur intense » lorsqu’elle vole ou se perche.
D’après l’Itavi, les causes d’apparition de ces affections sont « multifactorielles et interdépendantes ». Les systèmes d’élevage en volières, particulièrement plébiscités comme alternative à la cage aménagée, sont souvent pointés du doigt. Des fractures peuvent résulter « en partie de collisions avec des perchoirs, que les poules sont très motivées à utiliser ». La génétique, la précocité de ponte, l’âge de l’animal, son poids, sa productivité et même le poids du premier œuf (chaque gramme supplémentaire augmente de 3 % le risque de fracture bréchet) sont également en cause.
Soigner la nutrition
Pour tenter de limiter les dégâts, la nutrition de la poule tout au long de sa carrière est un levier majeur de prévention. « Dans les cinq premières semaines de la vie des poulettes, un bon équilibre entre le calcium et le phosphore est recherché pour permettre le développement osseux initial, explique Laure Messager, chargée de mission en bien-être animal à l’Itavi. Il va de pair avec de bonnes conditions de démarrage et un développement des animaux le plus harmonieux possible pour obtenir des lots homogènes. » En parallèle, l’activité physique de la poulette doit être favorisée pour permettre son développement osseux, grâce à des enrichissements et des perchoirs. « C’est important pour assurer une bonne qualité de l’os sur le long terme, ainsi que des coquilles d’œuf plus tard. »
La phase de préponte à 17 semaines d’âge (après le transfert et avant le premier œuf) est jugée « critique ». « Les animaux vont puiser dans l’os médullaire pour la production d’œufs. Il est donc nécessaire d’assurer une bonne recharge de cet os, poursuit la spécialiste. Un aliment de préponte avec 2 % de calcium est donc conseillé juste avant la ponte. »
En début de ponte, il est recommandé d’apporter un mélange équilibré de particules fines et grossières de carbonate de calcium. « Ce ratio doit ensuite évoluer en fin de ponte pour atteindre 65 % de particules grossières et 35 % de particules fines, préconise l’Itavi. L’augmentation de la proportion de particules grossières permet un effet retard de la disponibilité du calcium alimentaire qui sera alors utilisé tout au long de la formation de la coquille de l’œuf, réduisant d’autant le besoin calcium d’origine osseuse. » En cours de production, une cure de vitamine D3 peut être envisagée. « Elle doit être sous forme active pour améliorer la biodisponibilité, avise Laure Messager. Cette cure se réalise sous la forme d’apport complémentaire via l’eau de boisson ou l’aliment. Elle favorise autant la santé osseuse que la qualité de la coquille. »