Ecofrost veut produire des frites 100 % françaises
L’usine d’Ecofrost à Péronne (Somme) vise à transformer 400 000 tonnes de pommes de terre de la région, d’ici à 2030. Les travaux, d’un montant de 225 millions d’euros, ont démarré au début de l’année 2024.
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Ecofrost, le producteur belge de frites surgelées, a officiellement posé la première pierre de son usine de Péronne (Somme) le 23 mai 2024, sur l’ancienne friche industrielle de l’usine de chips Flodor fermée en 2005.
Représentants de l’État, élus locaux, producteurs de pommes de terre… : de nombreuses personnes étaient présentes sur le futur site de production français dont les travaux ont commencé au début de 2024.
10 000 hectares de pommes de terre
Cette unité, qui représente un investissement de 225 millions d’euros, devrait transformer à terme par an 400 000 tonnes de pommes de terre locales, ce qui représente environ 10 000 hectares de culture. « Nous collaborerons avec environ 650 exploitations », a indiqué Olivier Maes, responsable du projet.
« Notre objectif est de relocaliser la transformation dans une zone de production française de pommes de terre, et de structurer la filière », poursuit-il. Et de préciser que la Somme approvisionne déjà l’usine belge à hauteur de près de 15 % de son volume d’achats.
Restauration hors domicile et exportation
Ecofrost entend s’attaquer au débouché de la restauration hors domicile en France alors que ses frites surgelées sont à ce jour surtout commercialisées en grande distribution dans l’Hexagone.
« L’objectif est aussi d’améliorer la balance commerciale sur les produits surgelés à base de pommes de terre qui aujourd’hui est déficitaire pour la France », informe par ailleurs Olivier Maes.
Stratégiquement, le site de Péronne est très bien situé car proche du futur port sur le canal Seine Nord. Si Ecofrost Péronne vise 60 % du chiffre d’affaires sur la France, elle entend aussi exporter ses produits en utilisant la voie fluviale pour rejoindre les ports du Havre ou Dunkerque, et diminuer ainsi son empreinte carbone.
Les déchets issus des processus de production seront biométhanisés pour produire de l’énergie verte électrique ou gazeuse.
Production à partir de 2026
La première phase de construction concerne un hall de stockage surgelé (8 000 palettes) prévu pour une mise en exploitation en décembre 2024. Un autre bâtiment va être construit en vue de lancer les opérations de production dès le premier trimestre de 2026 (100 000 tonnes de produits finis par an).
Un autre bâtiment de stockage surgelé automatisé (25 000 palettes) sera également construit d’ici à 2030 (100 000 tonnes de produits finis par an supplémentaires). 50 emplois directs devraient être créés pour faire fonctionner l’usine, ainsi que 400 emplois indirects.
« Ce projet converge totalement avec les objectifs affichés par les Pouvoirs publics de réindustrialisation, de souveraineté et de résilience agroalimentaire », a insisté Mathieu Lenglet, producteur de pommes de terre dans la Somme et cofondateur d’Ecofrost Péronne avec la PME familiale belge. Il espère que l’État répondra présent en termes d’aides financières.
Le dossier n’a en effet pas été retenu dans le cadre de la première tranche de France 2030, mais le préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot, a indiqué que les ministères de l’Industrie et de l’Agriculture se sont engagés à revoir le dossier. La Région Hauts-de-France a pour sa part promis par la voie de Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l’agriculture et l’agroalimentaire, une aide d’un million d’euros.
Marché porteur
Ecofrost n’est pas la seule entreprise à vouloir transformer des pommes de terre en France, dans un marché très demandeur en frites surgelées. L’usine du belge Clarebout à Dunkerque (Nord) est entrée en production au début de 2024 tandis que le belge Agristo envisage de construire une usine sur le site d’Escaudoeuvres (Nord), ancienne sucrerie de Tereos.
Récemment le canadien McCain a annoncé un investissement de 350 millions d’euros sur les sites de Harnes et Béthune (Pas-de-Calais) et Matougues (Marne). L’objectif est de moderniser les capacités de production et de décarboner les sites.
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