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Dissémination Du colza OGM découvert sur le bord d'une route en France

Des pousses de colza génétiquement modifié ont été découvertes et détruite début 2022 autour du port de Rouen (photo d'illustration).

Des pousses de colza génétiquement modifié, dont la culture est interdite en Europe, ont été découvertes au début de 2022 autour du port de Rouen, révélant des défaillances dans la surveillance de ces graines légalement importées et transformées en France.

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C'est l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, qui l'a révélé dans un avis publié ce vendredi 20 janvier 2023. "La présence de plants de colza génétiquement modifié a été signalée le 13 avril 2022 par l'association Info'OGM , en bordure de route, sur une zone industrialo-portuaire, à proximité de Rouen (Seine-Maritime)", décrit-elle. Constatant des "lacunes" dans le dispositif actuel, l'Anses recommande de renforcer la surveillance des zones à risque en termes de dissémination de graines transgéniques : les ports, les usines, les lignes ferroviaires, les voies fluviales et les routes.

Repéré en avril, détruit en mai

Les prélèvements réalisés par le ministère de l'Agriculture en avril 2022, ont été analysés par le laboratoire national de référence pour la détection des OGM. Ces analyses ont confirmé la présence de colza génétiquement modifié en bord de route autour d'une usine de trituration de Saipol. Cette dernière importe du colza OGM du Canada depuis 2016 pour fabriquer des biocarburants, précise l'Agence. "Une destruction des plants par voie mécanique (fauchage, débroussaillage) a été demandée par la DGAL (1) à l’établissement Haropa Port, en charge de l’entretien de la zone industrialo-portuaire."

Selon l'Anses, "les procédures mises en place par l'usine Saipol et visant à limiter la dissémination des graines lors du transport sont insuffisantes ou incorrectement mises en place". Depuis, un "plan d'action mis en œuvre pour éviter la dissémination de graines a été renforcé", a réagi l'entreprise. Son porte-parole, Fabien Kay, a précisé que Saipol s'efforçait de s'assurer de l'étanchéité des camions bâchés, notamment par des vérifications régulières des joints des portes.

Les prélèvements ont aussi mis en évidence la présence de plants de colza OGM sur le site de l'usine Saipol. Ce qui a conduit l'Anses à considérer que l'entreprise "n’a pas mis en œuvre de manière efficace les mesures prévues dans le cadre des plans de surveillance pour l’environnement [...]. Selon le rapport d’inspection, les inspecteurs ont considéré que ces mesures étaient pertinentes mais ne permettaient pas de prévenir la présence de repousses au stade de la floraison dans les zones les plus difficiles d’accès."

"Sur de très petites surfaces"

L'Anses rappelle que les gènes modifiés peuvent s'hybrider avec les cultures locales, notamment par dispersion du pollen. Mais dans le cas repéré en Normandie, cela "ne pourrait aboutir qu'à un taux de contamination extrêmement faible", s'agissant de "plants diffus sur de très petites surfaces", et non de champs de colza OGM. "Il était prévu de réitérer [les opérations de destruction] tous les mois, pour éviter que les repousses éventuelles ne fleurissent et pour qu’elles ne produisent pas de pollen ni de graines qui pourraient germer à terme."

La DGAL a aussi demandé une surveillance les années suivantes pour vérifier l’absence de repousses de colza, qui pourraient résulter de la germination des graines déjà présentes dans le sol. La dissémination "provient très probablement et en grande majorité de pertes liées au transport par brouettage (camion-benne, NDLR) des graines", relève l'Anses. La culture de ces colzas génétiquement modifiés est interdite en Europe, mais ils peuvent être importés pour être transformés et utilisés sur place.

"Le colza est une plante extrêmement volatile, prévient Christophe Noisette, le fondateur d'Info'OGM. C'est de la naïveté de croire que l'OGM ne se disséminera pas ou alors il faut des systèmes hyperétanches. Là, ce n'est pas du tout étanche, c'est de l'artisanat." Et d'expliquer qu'il a observé "du colza qui volait" lors du déchargement des navires. Un autre signalement de l'ONG, visant l'usine Saipol de Sète, dans le sud de la France, a déclenché l'ouverture d'une autre "analyse" par les services du ministère.

Quatre variétés

Quatre colzas génétiquement modifiés pour résister aux herbicides de type glyphosate ont été mis en évidence dans le cas observé en Normandie. De précédents cas de dissémination involontaire d'OGM ont déjà été observés, souligne l'Anses, qui cite les abords de grands ports japonais ainsi que des voies ferroviaires et des ports fluviaux en Suisse. Du fait des cycles de dormance des graines, "de nouveaux plants de colza génétiquement modifiés pourraient être observés pendant plusieurs années", observe l'Anses, qui préconise donc une surveillance renforcée et une destruction des plants à intervalle régulier.

Le ministère de l’Agriculture a réagi en fin d’après-midi, après la publication de l’avis de l’Anses. Il a assuré qu'"un examen approfondi de cet avis va être effectué par la DGAL. Des inspections d’autres usines de trituration de colza qui importent du colza OGM de pays tiers et de leurs alentours ont été réalisées en 2022 ou sont prévues pour 2023.  Les résultats permettront d'objectiver le nouveau signalement de l'association Info'GM et de prendre les mesures de gestion nécessaires le cas échéant."

(1) Direction générale de l'alimentation.

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