14,3 millions de tonnes, c’est la toute première estimation de FranceAgriMer des exportations de blé tendre français sur la campagne de commercialisation 2025-2026. Elles seraient ainsi nettement supérieures aux 10,4 millions de tonnes de 2024-2025, mais encore éloignées des 16,6 à 16,9 millions de tonnes des campagnes 2021-2022 à 2023-2024.

En cause notamment, une production un peu inférieure à ces trois campagnes, mais aussi la perte du principal débouché français, l’Algérie, ainsi que les incertitudes qui entourent toujours le niveau d’achats de la Chine. Pour rappel, celle-ci a été peu présente sur la campagne 2024-2025.

« Nous n’identifions pas clairement les destinations du blé tricolore. On resterait probablement sur les pays majoritaires de cette année 2024-2025 », a supposé Julie Garet, cheffe de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer le 16 juillet 2025. Elle intervenait à la conférence mensuelle de l’organisation, qui succède au conseil spécialisé grandes cultures. « Ce sont vraiment les toutes premières estimations qu’il faudra affiner au cours de la saison », a-t-elle insisté.

L’Égypte aux achats

Dans le détail, les exportations intra-européennes de blé tendre atteindraient 6,7 millions de tonnes. Un niveau équivalent à la campagne précédente, supérieur aux 6,4 et 6,3 millions de 2022-2023 et 2023-2024, et inférieur aux 8 millions de 2021-2022. Cela porterait les ventes vers les pays tiers à 7,5 millions de tonnes en 2025-2026, contre 3,5 millions en 2024-2025, et plus de 10 millions les deux campagnes précédentes.

FranceAgriMer a d’ailleurs revu à la hausse les exportations de blé tendre sur la campagne 2024-2025 qui s’achève, à 10,35 millions de tonnes contre 10 millions dans ses précédentes estimations de juin. « On passerait à 3,50 millions de tonnes vers les pays tiers contre 3,25 millions projetées en juin, notamment grâce à l’Égypte qui a été très dynamique sur le marché français sur le mois passé », a signalé Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur les céréales chez FranceAgriMer.

Toujours pour 2024-2025, les estimations des ventes vers les pays membres de l’Union européenne ont aussi été rehaussées, passant de 6,64 millions à 6,75 millions de tonnes, puisque les ventes sont toujours soutenues vers le Portugal, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique sur cette fin de campagne.

À noter que « la poursuite du repli du dollar face à l’euro impacte toujours la compétitivité des grains européens à l’export, a rappelé Julie Garet. Elle reste aux alentours de 1,16/1,17, même si elle a un peu fluctué ces derniers jours ».

Utilisations domestiques stables en 2025-2026

Pour 2025-2026, les utilisations domestiques de blé tendre resteraient quant à elle « assez stables » par rapport à la campagne 2024-2025, a présenté Habasse Diagouraga. FranceAgriMer table sur des variations comprises entre -2 % pour le poste biscotterie, biscuiterie et pâtisserie industrielles, et + 4 % pour le poste amidonnerie.

Le stock final de blé tendre atteindrait ainsi un niveau plutôt élevé, à près de 3,9 millions de tonnes, contre 2,3 millions en 2024-2025, 3,2 millions en 2023-2024, et 2,5 millions en 2022-2023. Ces projections se basent sur les estimations de production, à 32,6 millions de tonnes, du service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) qui s’arrêtent au 1er juillet.

Trésoreries dans le rouge

Si cette récolte 2025 globalement bonne redonne le sourire, le niveau de prix qui peine à décoller inquiète, comme l’a souligné Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé “Grandes cultures” de FranceAgriMer. « Et avec les perspectives que nous avons à disposition, difficile d’imaginer une hausse rapide », a-t-il déploré.

Dans sa dernière publication du 11 juillet, l’USDA (ministère de l’Agriculture américain) a notamment revu à la hausse la production mondiale de blé, qu’elle attend record, à 809 millions de tonnes. Le stock final reculerait toutefois de 0,8 % par rapport à la campagne précédente.

Stocks d’orges français en hausse

Les exportations d’orges sont elles aussi attendues en hausse pour 2025-2026. D’après les toutes premières estimations de FranceAgriMer, elles s’établiraient à 5,57 millions de tonnes, contre 5,36 millions en 2024-2025, 6,8 millions en 2023-2024 et 6,3 millions en 2022-2023. Les ventes progresseraient de 0,4 million de tonnes vers les pays tiers, mais reculeraient de près de 0,1 million vers les pays membres de l’Union européenne.

La production a été estimée par Agreste à près de 11,8 millions de tonnes. Le stock final est attendu à un peu plus de 1,6 million de tonnes, en nette hausse sur un an, de 76 %, mais aussi par rapport aux trois campagnes précédentes dont les stocks fluctuaient entre 1 et 1,3 million de tonnes. À l’échelle mondiale en revanche, les stocks de fin de campagne 2025-2026 sont attendus au plus bas depuis 1983-1984, à 18 millions de tonnes, selon le dernier rapport de l’USDA cité par Julie Garet. En cause, le repli de la production chez plusieurs pays.

Peu de changements en blé dur

Enfin pour le blé dur, FranceAgriMer table en 2025-2026 sur une collecte, des utilisations domestiques et des exportations relativement stables par rapport à 2024-2025. Les stocks de fin de campagne seraient en revanche en hausse, à 163 000 tonnes, contre 122 000 tonnes en 2024-2025.