Betteraves : le marché permettrait une rémunération à 55 euros la tonne
Les principaux acteurs du marché de la betterave ont débattu de l’avenir de la filière française et de la rémunération des planteurs à la foire de Châlons-en-Champagne, alors que les cours mondiaux du sucre sont très porteurs.
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Les betteraves actuellement en terre pourraient être valorisées à 55 euros la tonne. C’est ce qu’a estimé Timothé Masson, agroéconomiste à la CGB (1), en se basant sur les cours du sucre, ce 4 septembre 2023 à l’occasion d’une conférence organisée à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne). Une perspective qui a donné le sourire aux nombreux planteurs présents.
« Déplafonner les 50 euros »
Après avoir subi une crise économique post-quotas, puis une crise sanitaire avec les dégâts causés par la jaunisse, les producteurs retrouvent progressivement des prix rémunérateurs, grâce à un marché mondial très porteur. Les 55 euros annoncés n’étonnent pas Franck Sander, président de la CGB. « Les marchés doivent pouvoir déplafonner les 50 euros car nos coûts de production ont énormément augmenté, avance-t-il. Les prix de demain devront aussi pouvoir relever des challenges et notamment combler le manque de compétitivité de la filière de la betterave française. »
Pour Émilien Rose, président du conseil coopératif de Tereos, 55 euros la tonne est un objectif ambitieux. Il estime que l’année est assez particulière et qu’elle ne permet pas encore de se projeter. « Certains de nos clients ont tendance à adopter une position attentiste, prévient-il. Des contrats sont signés, mais beaucoup moins que les années précédentes à la même période. »
50 000 hectares de moins en deux ans
Si la rémunération des planteurs est à la hausse, les surfaces, elles sont à la baisse. Depuis la fin des quotas, on dénombre près de 120 000 hectares en moins. Alors que plusieurs pays européens envisagent une augmentation significative de leurs surfaces en 2024, la stratégie française ne s’oriente pas dans la même direction. La priorité est de maintenir les surfaces et de rassurer les planteurs.
« Nous recherchons des surfaces à proximité de nos sucreries dont les lignes ne sont pas remplies, mais nous ne souhaitons pas augmenter la durée de la campagne, explique Emile Rose. Nous n’avons pas d’intérêt à aller chercher de nouveaux producteurs, sauf dans des cas très spécifiques. » Un avis que ne partage pas tout à fait Olivier De Bohan, président de Cristal Union : « Si des personnes situées à proximité de nos usines souhaitent implanter des surfaces, on les prend. Depuis deux ans, c’est 50 000 hectares de moins sur la ferme France, nos entreprises doivent rester compétitives, nous avons besoin de suivre a minima le mouvement européen, en trouvant le bon équilibre. »
Distorsion de concurrence
Cette compétitivité est cruciale pour que la France conserve sa place de leader européen. « Ce sont nos moyens de production autant génétiques, techniques et agronomiques qui nous permettront de rester dans la course, ainsi que l’arrêt des distorsions de concurrence entre les différents pays », insiste Franck Sander. Pour Olivier De Bohan, une attention toute particulière doit être apportée effectivement à ces distorsions. « Il faut être vigilant à celles qui existent au sein de l’Union européenne d’une part, et à celles qui persistent avec des pays au-delà des frontières européennes. Le respect des clauses miroirs et des conditions d’importation est primordial. »
(1) Confédération générale des planteurs de betteraves.
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