Produits transformés Ils mettent de l’éthique sur leurs étiquettes
Réunis dans la SARL Terr’étic, trois producteurs ont développé une gamme de produits transformés, en collant aux valeurs du commerce équitable.
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Tout a commencé avec du coulis de groseille. Dans les années 2000, Cyrille Moulin, Marc Guyot et Dominique Bissardon, producteurs de fruits rouges dans les monts du Lyonnais (Rhône), fréquentent les mêmes milieux associatifs. Membres de l’Ardear (1) et de l’association Fermes du monde, ils baignent dans les valeurs du commerce équitable. Quand la société Ethiquable leur propose, en 2012, d’intégrer sa nouvelle démarche de commerce équitable Nord-Nord, ils se lancent.
246 000 euros de CA en 2020
« Nous avons créé la SARL Terr’étic et passé un contrat sur ma production de groseilles bio, raconte Cyrille Moulin. En 2013, nous avons ainsi vendu à Ethiquable dix mille pots de coulis pour 20 000 euros de chiffre d’affaires. » L’activité a pris de l’ampleur et le chiffre réalisé avec l’entreprise coopérative a atteint 246 000 euros en 2020.
Jusqu’en 2018, la transformation se faisait dans l’atelier collectif Désifruit. Créée en 2007 par sept fermes, cette SARL compte aujourd’hui vingt associés. « Le coût de transformation y est établi au plus juste, en partant d’un prévisionnel de charges et de volumes transformés. C’est grâce à cet outil que nous étions en mesure de répondre à Ethiquable », souligne Marc Guyot. La montée en puissance de Terr’étic a ensuite contraint les trois membres à investir de leur côté. « Les gros volumes que nous apportions à Désifruit ont baissé le coût de la transformation pour tout le monde, rappelle Cyrille Moulin. Mais à la fin, cela posait des problèmes de planning et bloquait l’arrivée de nouveaux producteurs. »
45 tonnes de fruits
Les trois associés ont investi 580 000 euros dans leur propre atelier. Ils ont touché 40 % d’aides de la Pac sur le bâti et le matériel. Ils y transforment 45 tonnes de fruits achetés à leurs fermes et à une quinzaine d’autres. Le tout pour 500 000 euros de chiffre d’affaires. Outre Ethiquable, qui commercialise la marque Paysans d’ici, ils réalisent 200 000 euros de ventes avec Grand Frais. Ils ont également développé une gamme qu’ils commercialisent eux-mêmes sous la marque Terr’étic. « Depuis un an, nous vendons de la confiture bio en seaux de 6 kg à des collègues producteurs de yaourts fermiers. Sans faire de pub, on reçoit de nouvelles demandes chaque mois », s’amuse Marc.
Récemment, les pots de confiture de fraises bio ont changé d’étiquette. Y figure désormais le label « Bio équitable en France », lancé l’an dernier par Ethiquable et Biocoop. Le reste de la gamme bio est en phase de labellisation. « Nous nous sommes structurés de façon à intégrer la démarche, qui engage chaque maillon de la filière, indique Cyrille. Nous avons créé le groupement de producteurs Etic’Monts Bio, regroupant nos fournisseurs. Son but n’est pas de faire du bénéfice : il ne prend que 2 % de marge pour couvrir ses frais de fonctionnement. Des contrats tripartites sont signés entre Etic’Monts Bio, le transformateur Terr’étic et l’acheteur Ethiquable. »
Avec une association de formation à la gestion (AFOCG), Terr’étic travaille sur les coûts de revient pour asseoir sa politique de prix d’achat. « Pour nous, le fruit à transformer n’est pas un déchet, insiste Cyrille Moulin. En le valorisant bien, nous en faisons un débouché rémunérateur, tout en ne récoltant pour le frais que les fruits de très bonne qualité. » Un bon signe : un collègue vient de s’installer en 100 % fruits de transformation, convaincu que cela peut le faire vivre. Pour Terr’étic, la première année de fonctionnement du nouvel atelier s’est achevée à l’équilibre. La seconde (2019-2020) a dégagé 25 000 euros de bénéfices.
Bérengère Lafeuille
(1) Association régionale pour le développement de l’emploi agricole et rural.
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