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Blé tendre : la France est-elle compétitive par rapport à ses concurrents ?

Il y a près de deux ans, Arvalis a mené une étude pour comparer la compétitivité des blés tendres des principaux exportateurs mondiaux, dont la France.

Les exploitations françaises types se distinguent par de bons rendements, des charges plutôt élevées mais un coût de production contenu grâce aux subventions, selon une étude d’Arvalis.

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Sur la base de données du réseau international Agribenchmark (1), Arvalis a mené une étude, il y a près de deux ans, sur les prix d’intérêt (coûts de production desquels sont soustraites les aides Pac) du blé tendre des principaux exportateurs sur la période de 2014 à 2021.

34 fermes types issues de 11 pays y ont été évaluées. Il s’agit « de fermes plutôt performantes situées dans les zones de production importantes, ne représentant donc pas la moyenne nationale », a présenté Yannick Carel, chargé d’études économiques chez Arvalis, le 7 mai 2025 à l’occasion du colloque du forum blé tendre Océan Centre Ouest, organisé par l’institut technique.

Trois sont françaises, avec l’une « plutôt nord-bassin parisien », une autre « plutôt de l’est » et la dernière « type sud-ouest ». Le point sur quelques-uns des principaux enseignements.

Des surfaces modestes

Sans surprise, les trois fermes françaises figurent parmi les plus petites, avec environ 120 à 250 hectares. On en compte 120 à plusieurs centaines pour les autres exploitations d’Europe occidentale (allemandes, britanniques). Les surfaces sont globalement plus élevées dans les fermes types de l’Est européen, mais restent dans les mêmes ordres de grandeurs. Sur le continent nord-américain, l’Australie et la zone de la mer Noire (Ukraine, Russie, Bulgarie), on retrouve des fermes de plusieurs milliers d’hectares, voire dizaines de milliers d’hectares en Russie.

Des rendements plus élevés mais plus variables

Les rendements s’étalent de moins de 2 t/ha sur des fermes australiennes, à 8-9 t/ha pour celles d’Europe occidentale. Quant à leur variabilité, elle se situe sur 2014-2021 « entre 1,6 et 2,2 t/ha, sauf en France où elle atteint 4,2 t/ha, en lien principalement avec la récolte de 2016 », a signalé Yannick Carel. Ramenée en coefficient de variation, la moyenne de l’échantillon se situe à 14 %. « Il est de 16 % pour la France, et équivalent à ce qui se passe au Royaume-Uni ou en Allemagne, à 10 %, si l’on retire la récolte de 2016 », ajoute-t-il. En Australie et en Amérique du Nord, les coefficients sont de l’ordre de 20 %.

Des charges plus élevées

Les fermes d’Europe occidentale, ainsi que la Pologne, se distinguent donc globalement par de bons niveaux de rendements, mais aussi par des niveaux de charge de mécanisation et de main-d’œuvre élevés, en €/ha comme en €/t. Les niveaux de productivité du travail sont ainsi relativement faibles : on compte en moyenne 883 et 1 230 t/UTA (unité de travail agricole) pour les deux groupes dans lesquels ont été rassemblées les fermes françaises, britanniques, allemandes et polonaises, contre 2 000 et 6 680 pour les deux groupes comprenant les fermes types de la mer Noire, de l’Amérique du Nord, de l’Australie et de l’Argentine.

Une dépendance aux subventions

Enfin, l’étude met en avant l’importance des subventions dans la compétitivité des exploitations européennes face à leurs concurrents mondiaux. Les paiements découplés sont de 31 et 32 €/t pour les deux groupes de fermes européennes, et de 0,4 et 5 €/t pour les deux autres. « Cela permet à ces exploitations européennes d’afficher un prix d’intérêt qui se situe dans une moyenne internationale », a commenté Yannick Carel. On retrouve en effet un coût de production de 184 et 203 €/t sur la période pour les deux groupes européens, contre 179 pour le groupe contenant les fermes types nord-américaines et une ferme australienne. Le prix d’intérêt, de 150 et 172 €/t, passe donc en dessous de celui du troisième groupe (176 €/t). Ce n’est toutefois pas suffisant pour s’aligner avec le prix d’intérêt des fermes types de la mer Noire, de l’Argentine et d’une ferme australienne, réunies dans le dernier groupe, qui s’affiche en moyenne à 119 €/t.

(1) Réseau d’agroéconomistes internationaux dans lequel Arvalis participe.

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