Résistance variétale Betteraves : des pistes sérieuses contre la jaunisse
La mobilisation pour combattre les virus de la jaunisse des betteraves sucrières commence à porter ses fruits.
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À partir de 2024, les insecticides à base de néonicotinoïdes seront définitivement interdits sur betteraves pour lutter contre les pucerons vecteurs des virus de la jaunisse. Il reste donc peu de temps pour trouver des solutions alternatives. « Un gros travail est engagé pour obtenir des variétés résistantes aux trois principaux virus de la jaunisse présents en France, le BMYV (Beet mild yellowing virus), le BChV (Beet chlorosis virus) et le BYV (Beet yellows virus), explique Alice Lorriaux, responsable marketing de SESVanderHave. En attendant, nous avons déjà repéré que certaines de nos variétés actuelles s’en sortent mieux que d’autres en présence de jaunisse. »
Travail sur l’appétence du puceron
« Déjà dans nos variétés commerciales, certaines ne perdent que 7 à 10 t/ha en présence de forte jaunisse, lorsque les autres chutent de 20 t/ha, constate Laurent Boisroux, directeur agronomique de Deleplanque. Pour l’étape suivante, il faut attendre cinq à six ans. »
Dans le projet Modefy du semencier, l’Inrae (1) de Colmar (Haut-Rhin) travaille sur le volet appétence des différentes variétés pour les pucerons, temps de présence sur les feuilles et composition de la sève. « Le calendrier est trop serré pour trouver, d’ici à 2024, plusieurs variétés miracles résistantes à tous les virus et aussi productives que les meilleurs hybrides, reconnaît Alexandre Quillet, président de l’ITB (2). Nous avons besoin d’une combinaison de leviers ».
« À côté de la génétique, parmi les 22 projets lancés à ce jour dans le cadre du plan national de recherche et d’innovation (PNRI), certains leviers semblent aussi prometteurs, souligne Fabienne Maupas, responsable du développement technique et scientifique à l’ITB.
Plusieurs leviers
C’est le cas des produits de biocontrôle comme les lâchers d’auxiliaires, chrysopes par exemple, ou Aphidius colemani, des petits hyménoptères qui disposent d’une capacité de dispersion assez rapide. Nous étudions aussi l’efficacité de micro-organismes, de champignons, ou de composés volatils, répulsifs vis-à-vis des pucerons ou qui attirent les insectes auxiliaires. » La spécialiste estime que le recours à des plantes compagnes, féverole, vesce ou avoine, permet aussi de réduire significativement les populations. « Mais il faut aussi affiner la date de destruction de tels couverts et mesurer leur impact sur le rendement », indique-t-elle.
Les chercheurs travaillent aussi sur la mise au point d’outils de modélisation pour déterminer la date optimale d’intervention avec un insecticide foliaire ou un lâcher d’auxiliaires. Autre piste qui va être testée, les mélanges de variétés.
Blandine Cailliez
(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
(2) Institut technique de la betterave.
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