Pour limiter le coût de l’abreuvement de leur cheptel, Brigitte et Laurent Mercier, associés avec leur gendre Valentin Chimier, viennent d’installer une poche de récupération des eaux de pluie posée sur le sol. À la tête de 160 vaches charolaises (système naisseur avec broutards repoussés) et 320 brebis charollaises et vendéennes à Reterre, dans la Creuse, cette solution s’est imposée car ils n’ont pas la possibilité de puiser de l’eau.
Pas de source que place
Aucune source n’a été détectée sur le site de leur exploitation. Cette technique de stockage des eaux de pluie reste encore peu fréquente en élevage. La visite chez un exploitant allaitant de l’Allier équipé d’un tel système les a convaincus, en plus du coût quotidien de l’eau qui représente 20 €/j début décembre 2024 (10 m3/j à 2 €).
Les époux ont démarré leurs réflexions en 2022, alors que l’Agence de l’eau Loire Bretagne lançait un appel à projet pour financer ce type d’installation. Ils ont ainsi bénéficié d’un taux d’aide de 45 % pour un montant plafonné à 100 000 €.
Analyse une fois par an
La poche a été installée à proximité de la bergerie neuve et des bâtiments qui abritent une partie du cheptel bovin. L’eau de pluie s’écoulant des 3 500 m2 de toiture des bâtiments d’élevage (1 000 m2 de la bergerie et 2 500 m2 des stabulations des vaches) est dirigée vers le stockage. Avant de rejoindre les abreuvoirs des animaux, elle transite par le local de traitement.
« Sa circulation dans une série de filtres autonettoyants (à charbon et à cristaux) vise à ôter la matière organique en suspension, les odeurs, le goût et les produits chimiques, indique Baptiste Fabre, l’installateur du système. L’eau passe ensuite sous une lampe UV qui supprime les micro-organismes, puis reçoit un traitement au dioxyde de chlore pour éviter la création d’un biofilm sur les canalisations. »
Le dispositif est installé dans un local protégé du gel. Le coût du traitement est estimé à environ 0,15 €/m3. Une analyse par an est réalisée pour vérifier que l’eau présente dans les abreuvoirs convient aux animaux. « Celle de 2024 est proche de la potabilité, indique Baptiste Fabre. Le pH est un peu faible car l’eau de pluie n’est pas minéralisée. »
Un réseau pour approvisionner les pâtures aussi
La mise en place de ce système s’est accompagnée de l’installation d’un réseau d’approvisionnement d’une partie des pâtures. 25 hectares sont pour l’instant concernés. Cela permet de réaliser des économies considérables sur le transport de l’eau (lire l’encadré ci-dessous). « Certains jours de canicule, je passais ma journée à remplir les bacs dans les champs », témoigne Brigitte Mercier. Cela apporte un grand confort de travail.
C’est pourquoi l’installation d’une seconde cuve de 1 100 m3 et le raccordement au réseau de 50 hectares de pâture sont prévus l’année prochaine. « Nous n’excluons pas de raccorder la maison d’habitation à ce réseau », ajoute-t-elle. La connexion avec le réseau d’adduction reste toutefois active.