«À moyen terme, il y aura une majoration des prix chez les exploitants qui ne sont pas équipés d’installations pratiques pour les vêlages », affirme Jean- Christophe Pineau, vétérinaire à Champlitte, en Haute-Saône. Cela concerne approximativement une moitié des élevages allaitants de sa zone d’activité. Afin de sensibiliser sa clientèle, il a toutefois organisé il y a quelques mois une journée technique, avec le concours de Jean-Paul Clerget, responsable matériel d’élevage à la coopérative Feder, pour présenter les caractéristiques des équipements efficaces.

Une question de temps passé

« Avec une porte à césarienne, le risque n’est pas le même et le temps nécessaire à l’intervention non plus, explique-t-il. Il y a d’ailleurs des praticiens qui appliquent déjà cette tarification différenciée. Il faut par exemple entre 30 et 45 minutes à un vétérinaire expérimenté pour réaliser une césarienne. Dans des conditions plus difficiles, c’est-à-dire sans aménagement adéquat, il aura besoin de largement plus d’une heure. Alors que nous intervenons sur des zones de plus en plus grandes, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre autant de temps sur une césarienne. »

L’idéal, selon Jean-Christophe Pineau, est que la vache soit isolée des autres animaux au moment de l’intervention. « Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, déplore-t-il. Nous sommes parfois obligés de passer entre les animaux et il arrive que nous nous fassions bousculer. » Autre précaution : si le nombre de mises bas est important, le nombre de box d’isolement doit être en adéquation. Et pour le confort des intervenants comme pour celui de la vache, celui-ci doit être propre.

Pas d’escalade

« Nous devons pouvoir accéder à cet espace sans escalader les tubulaires de 2 mètres de haut avec notre matériel, insiste le vétérinaire. L’éclairage doit aussi être de bonne qualité. Il est inconfortable de devoir se munir d’une lampe frontale ou de demander à l’éleveur de nous éclairer avec la lampe de son téléphone. »

Côté matériel, disposer d’une barrière à césarienne et d’un cornadis pour bloquer la vache permet d’assurer la sécurité de l’intervention. « Il faut que le système puisse s’ouvrir facilement et que l’animal ne risque pas de s’étrangler s’il tombe, anticipe-t-il. Quand nous sommes obligés de passer une corde autour du cou de la vache, les conditions ne sont plus du tout les mêmes. Les risques sont accrus. »

À l’heure où le nombre de vétérinaires exerçant en rurale se réduit, sécurité et confort du bâtiment deviennent des caractéristiques incontournables. « La profession se féminise et la sensibilité au confort est plus marquée. C’est une bonne chose », appuie Jean-Christophe Pineau. Au-delà de l’accident qui occasionne des instants pénibles aussi bien pour le vétérinaire que pour l’éleveur, c’est l’organisation de la clinique qui est mise à mal. Quand les effectifs sont déjà contraints au départ, le risque que les exploitations les moins bien équipées soient délaissées augmente.