« Nous enregistrons jusqu’à quinze vêlages par jour, mais avons réservé un bâtiment spécial pour concentrer nos interventions », décrit Clément Tissier. Associé avec son père Pascal et son oncle Éric, il conduit 300 charolaises à Morlet, en Saône-et-Loire. Leur stabulation destinée aux mises bas vise à assister les animaux le mieux possible et à faciliter le travail.

Deux cases d’isolement

Chaque aire paillée de seize places est équipée de deux cases d’isolement. Chacune d’entre elles est dotée d’un cornadis « anti-pendaison » et d’un passage d’homme. Pas question pour les exploitants d’enjamber les barrières. Ils circulent entre les différentes cases grâce à des portillons spécifiques et à ces passages adaptés.

Plan du bâtiment où se déroulent les vêlages des charolaises du Gaec de Morlet, aménagé pour travailler sans risque et gagner en efficacité.

Cela leur permet de gagner du temps tout en évitant de dépenser trop d’énergie. Le portillon est le plus pratique car, à la différence du passage d’homme, il évite de lever la jambe pour franchir la lice inférieure. C’est la formule la plus coûteuse, qui nécessite la pose d’un poteau supplémentaire.

Prises de température

Toutes les vaches transitent par la maternité. Les premières (environ 70) se succèdent entre septembre et octobre. Une dizaine de jours après la naissance, elles repartent au pré avec leur veau où elles passent le reste de l’hiver. Les 230 vaches restantes vêlent de janvier à avril. Dès que les premières ont mis bas et que leurs veaux se portent bien, elles sont redirigées vers un autre bâtiment situé à quelques mètres.

Chacun des trois associés participe à la surveillance et alterne les nuits d’astreinte. « Nous prenons la température des vaches au cours des derniers jours. Quand celle-ci chute en dessous de 39 °C, nous savons que la naissance est proche (entre douze et trente-six heures), explique Clément. Nous observons aussi les vaches depuis les caméras que nous contrôlons grâce à une application installée sur nos téléphones respectifs. Nous ne conduisons la vache dans une case à part qu’au dernier moment afin de limiter le stress de l’animal isolé. » Un portillon de 2 mètres facilite l’entrée de l’animal dans le box.

40 % des mises bas se passent sans aucune aide. Pour les autres, la vache est prise au cornadis. Il faut parfois l’assister avec la vêleuse. « Dans ce cas, nos cases manquent un peu de profondeur, et nous sommes obligés d’ouvrir la barrière ou le portillon placé à l’arrière, mais cela ne pose pas de problème. Dans l’idéal, nous aurions dû prévoir 4 mètres de profondeur pour les cases d’isolement. »

Des cases spacieuses

L’espace total de 13,5 m2 pour chaque couple mère-veau est au-delà des recommandations (10,5 m2). Cela va dans le sens des attentes sociétales ou du réchauffement climatique qui demandent des logements plus spacieux. « La manipulation régulière des animaux dans un couloir de contention participe aussi à rendre les animaux plus dociles », souligne Jean-Paul Clerget, de la coopérative Feder Élevage.

Toutes les cases d'isolement sont dotées d'un cornadis et d'un passage d'homme. (© Marie-France Malterre)

Pour les vaches qui demandent plus d’assistance et l’intervention du vétérinaire, pour une césarienne par exemple, les associés ont équipé deux cases avec des barrières à césarienne. « Nous tondons la vache en attendant l’arrivée du vétérinaire et préparons un seau d’eau propre, indiquent-ils. Un quart d’heure plus tard, il se gare à quelques mètres de la case devant le couloir de circulation. »

S’il voulait, le praticien pourrait même emprunter le couloir de circulation de 3 mètres de large avec son véhicule. La porte césarienne comprend plusieurs plaques amovibles et sert aussi pour la tétée des veaux. Suivant les fournisseurs, elle coûte entre 400 et 500 euros, mais permet d’intervenir en toute sécurité.

La concentration des vaches en fin de gestation dans un même bâtiment limite les déplacements inutiles. Pour une bonne circulation sur l’aire paillée autour des animaux, les associés ont installé une marche derrière le cornadis (au niveau du couloir d’affouragement). Celle-ci mesure 2,5 mètres de large et seulement 30 cm de haut. Les vaches y accèdent aisément et lorsqu’elles sont bloquées au cornadis, les associés peuvent circuler facilement derrière elles, pour prendre les températures par exemple. Le paillage abondant derrière la marche limite la création d’un bourbier qui complique les déplacements.

« Dans certaines stabulations, cette marche mesure plus de 50 cm de haut et à peine plus de 1,8 mètre de large, observe toutefois Jean-Paul Clerget. C’est une configuration qui peut exposer les opérateurs à de l’inconfort, car l’espace derrière la marche est souvent instable. La circulation y est donc difficile. L’idéal est de prévoir un large espace bétonné sans marche mais avec un petit muret pour que les animaux puissent poser leurs pattes avant.

Dans cette position, les vaches ne peuvent pas donner de coups de pied. Le mieux consiste tout de même à racler régulièrement cette partie bétonnée. Dans ce cas, la réglementation exige de placer le produit du raclage sous une fumière puisqu’il n’a pas séjourné dans l’aire paillée durant deux mois. »

L’avantage de cette disposition, c’est l’économie de paille qui peut permettre de financer rapidement la fumière lorsque la litière est chère.