«Quand je me suis installé en 2008 en reprenant une ferme laitière à Burcin, en Isère, j’ai rapidement opéré des changements dans la conduite du troupeau, composé alors de cinquante montbéliardes, raconte David Bouquet. Mon objectif prioritaire était de baisser le coût de la ration. J’ai fait le choix d’alimenter mes vaches avec des produits issus de la ferme, donc d’arrêter l’achat d’aliments du commerce, notamment la luzerne déshydratée. Ceci a perturbé les animaux. S’en sont suivis des problèmes d’acidose, de reproduction et de baisse de production. Mon taux de réforme était à l’époque très élevé. »

Pour retrouver de la rentabilité sur son exploitation, l’éleveur se tourne vers la société Gestel, spécialisée dans la location de vaches laitières. « Le porte-monnaie a tout de suite souffert d’une diminution des volumes de lait livrés, confie-t-il. Il me fallait trouver une solution pour redémarrer vite la production. Je venais de m’installer, mon taux d’endettement étant déjà très élevé, je pouvais difficilement envisager d’acheter de nouvelles génisses. La solution de la location m’a paru très intéressante. J’avais la possibilité d’avoir des génisses prêtes à produire tout de suite, sans devoir faire appel à ma banque. »

Loyer de 1,5 génisse par an

David signe, dès 2009, un bail d’une durée de dix ans, reconductible, avec la société Gestel. Il opte pour quinze prim’holsteins prêtes à vêler, choisies dans un élevage partenaire, dans le nord de la France. Le principe est assez simple. « Un dépôt de garantie de 10 % de la valeur du cheptel mis en bail est versé à la signature du contrat, indique Jacky Baudot, technicien responsable en région Auvergne Rhône-Alpes. À cela s’ajoutent des frais de fonctionnement, de 47,63 € HT (1) par vache, et le coût de l’assurance. Le loyer proprement dit est payé en génisses pleines, 10 % de l’effectif loué par an, avec un différé de deux ans en cas de vêlage à deux ans, ou de trois ans pour un vêlage à trois ans. Il est également possible de verser leur contre-valeur en argent. »

Et David de préciser : « Avec quinze vaches en contrat, je dois fournir à Gestel 1,5 génisse pleine par an. Mais le système est assez souple. Je peux donner une génisse et la valeur monétaire d’une demi-génisse, ou une la première année et deux l’année suivante. J’ai aussi la possibilité de fournir une génisse montbéliarde, ce n’est pas systématiquement une prim’holstein. Je les choisis avec le technicien Gestel, tout comme celles servant au renouvellement du troupeau en location. » Le lait, les réformes, les veaux mâles et les génisses excédentaires lui appartiennent.

L’éleveur et le technicien avancent d’autres avantages : le suivi et les conseils techniques tout au long de l’année pour optimiser la production, la déduction des charges locatives, et l’allégement des taxes et de l’imposition. « Ce fonctionnement me convient parfaitement. J’arrive cette année à la fin de mon contrat de dix ans. Bien que j’aie retrouvé une vitesse de croisière avec mon troupeau de soixante-dix laitières, pour une référence de 580 000 litres, je souhaite le renouveler. C’est une façon de ne pas recharger l’exploitation en annuités et de pouvoir investir ailleurs », confie l’éleveur.

Camille Penet

(1) Tarifs en 2019.