Un essai pour attirer l’attention sur le pastel
Près de Toulouse, des étudiants en BTS agricole redonnent vie au pastel des teinturiers, plante emblématique d’Occitanie tombée dans l’oubli, en cultivant une parcelle expérimentale.
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Le 20 mai 2025, cinq étudiants en deuxième année de BTS ACD (agronomie et cultures durables) ont organisé une rencontre technique portant sur la culture du pastel des teinturiers en conduite biologique sur l’exploitation du lycée agricole d’Auzeville (Haute-Garonne). Leur projet vise à valoriser les feuilles et les graines de cette culture. Une tradition régionale puisqu’autrefois, l’Isatis tinctoria dessinait les paysages d’Occitanie (lire l'encadré).
Détrôné par le bleu de synthèse, le pastel séduit de nouveau les maisons de mode, le monde du luxe et les boutiques artisanales. Les pigments bleus, extraits des feuilles, répondent aux marchés de l’art et de la décoration, mais aussi à différents usages textiles et cosmétiques. La graine fournit une huile utilisée en pharmacie et cosmétique. En Occitanie, des entreprises locales sont engagées dans l’aval, comme Graine de Pastel, Bleu de Lectoure ou encore Terre de Pastel.
Une crucifère bisannuelle rustique
En partenariat avec Terre de Pastel qui a fourni les semences, les étudiants du BTSA ont implanté en septembre 2024 une parcelle de 1,33 hectare, mise à disposition par la mairie d’Auzeville-Tolosane. Un défi de taille, car il y a peu d’information technique sur cette crucifère bisannuelle. Ils ont pu observer une plante rustique, peu sensible aux bioagresseurs, résistante au gel comme à la sécheresse, adaptée à l’agriculture biologique car demandant peu de fertilisation grâce à des racines profondes d’un mètre.
Le pastel a tendance à appauvrir les sols et nécessite une rotation diversifiée (pas de pastel sur pastel). Il se sème de 2 à 3 kg/ha, au semoir monograine ou, de préférence, au semoir volumétrique car la graine est petite (PMG (1) = 1,5 g), ceci après un travail profond. Si l’essai des étudiants a été démarré en septembre, d’autres dates de semis sont à privilégier : à la mi-août, mi-novembre ou mi-mars, selon les débouchés souhaités (feuilles et/ou graines). La herse étrille et la bineuse sont préconisées pour désherber, à ajuster selon l’infestation. Les graines se récoltent à la moissonneuse-batteuse et les feuilles à la faucheuse autochargeuse.
À partir de données d’agriculteurs bio d’Occitanie, les étudiants ont pu évaluer des rendements moyens potentiels. Celui en graines atteint 0,6 t/ha en annuel, et 0,3 t/ha en bisannuel, la fauche des feuilles affaiblissant la culture. Le rendement en feuilles est d’environ 3 t/ha par fauche, avec un potentiel de 3 ou 4 fauches par an, soit un total 9 à 12 t/ha. Les étudiants estiment les charges de mécanisation de 400 à 700 €/ha (main-d’œuvre et travaux du sol).
À condition de trouver un acheteur en proximité sur ce marché de niche, le pastel peut représenter une opportunité dans un contexte où les sécheresses estivales deviennent récurrentes. Il répond aussi aux attentes de la société, à la recherche de produits plus durables et biosourcés.
(1) PMG : poids de 1 000 grains.
(2) Alaric Pouchain, Margot Aries, Thomas Siar, Nicolas Cazaux et Aurélien Jourdan.
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