« En 2020, les coups d’arrêt de la production dans les abattoirs américains à cause de la pandémie de Covid-19 ont eu un effet direct sur les disponibilités en viande bovine », explique Alix Gérardin, économiste à l’Institut de l’élevage (Idele) lors d’un webinaire sur les marchés mondiaux organisé le 15 juin 2021. Sur cette période, 33,2 millions de bovins ont été abattus, soit 3 % de moins qu’en 2019.
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Cette contraction de l’offre a été partiellement compensée par un alourdissement des carcasses lié à l’accumulation des animaux dans les parcs d’engraissement. « Mais, dans les années à venir, la décapitalisation du cheptel allaitant entamée depuis 2019 va se ressentir sur le commerce et risque de créer une surchauffe », estime Maxime d’Almeida, conseiller aux affaires économiques à la fédération des producteurs de bovins du Québec.
Des coûts de production difficilement couverts
Au 1er janvier 2021, les États-Unis dénombraient 31,2 millions de vaches allaitantes, soit une baisse de 0,6 % par rapport à 2020. « Cette tendance de fond semble s’inscrire dans la durée », avance Maxime d’Almeida, ajoutant que « des inconnues majeures entrent en jeu tels que les aléas climatiques ou le prix des céréales. »
Conséquence de la crise du Covid-19, les prix payés aux producteurs avaient chuté dès le mois d’avril 2020. « Si les cours des bouvillons sont remontés à des niveaux convenables depuis mars 2021, la flambée du coût de l’alimentation annule toute rentabilité », constate Maxime d’Almeida. En résultent des prix à la découpe très élevés. « Jusqu’à quand ce décalage entre le prix du vif et celui de la carcasse reconstituée sera supportable pour les éleveurs ? » s’interroge-t-il.
Les États-Unis, qui se placent comme quatrième exportateur mondial de viande bovine en 2020, axe leur stratégie sur un commerce de valeur avec la production de bœufs nourris au grain. « Si le cours des céréales ne retombe pas dans le temps, les professionnels chercheront des alternatives sans nuire à la qualité, mais l’idée ne sera pas de se tourner vers l’herbe », note-t-il.

Recours à l’importation
Autre point relevé par le conseiller aux affaires économiques du Québec, « les abattoirs ne sont pas encore parvenus à retrouver la cadence d’abattage précrise. » Alors que la consommation intérieure de viande ne fait que croître depuis 2016, les États-Unis doivent pallier le déficit de l’offre par le recours à l’importation.
En 2020, les importations étasuniennes de viande bovine ont bondi de 9 % par rapport à 2019, notamment en provenance de la Nouvelle-Zélande (+29 %), du Mexique (+12 %) et du Mercosur (+62 %). « La réouverture du marché à la viande bovine brésilienne in natura a participé à cette hausse », souligne Alix Gérardin.
Les importations en vif sont également dynamiques et en hausse pour la quatrième année consécutive (+3 % par rapport à 2019). « En 2020, davantage d’animaux issus du Mexique ont été importés (+9 %), au détriment des bovins canadiens (–7 %). »