Alors que le mois de septembre sonne l’ouverture de la nouvelle saison de chasse, les chasseurs continuent de marteler qu’ils ne veulent plus supporter seuls l’indemnisation des dégâts de gibier. La faute à un fardeau devenu trop lourd, selon la Fédération nationale des chasseurs (FNC).

« La charge globale atteint en moyenne ces quatre dernières années près de 90 millions d’euros par an, dont 55,5 millions d’euros en indemnisation directe, 6,5 millions d’euros pour les actions de prévention, et 25,7 millions d’euros en frais de gestion », précise-t-elle dans un dossier de presse communiqué le 4 septembre 2025. Dans cette facture totale, l’indemnisation des dégâts versés par les fédérations aux agriculteurs a été multipliée par deux entre 2010 et 2022. Le Grand Est et le Centre sont les régions les plus touchées.

Le sanglier, coupable de 90 % des dégâts

Dans le même temps, alors que la population de sangliers, responsable de près de 90 % des dégâts indemnisés, prolifère — en raison de facteurs climatiques, de l’extension des cultures de maïs, d’hivers moins rigoureux et de l’absence de prédateurs naturels, selon la FNC —, les chasseurs voient leurs effectifs diminuer. En 2024, 25 000 d’entre eux ont laissé définitivement leurs fusils au râtelier. Ce qui fait peser la charge des indemnisations à des fédérations départementales de chasseurs (FDC) comptant sur de moins en moins de chasseurs.

Les fédérations « financent les indemnisations à partir des cotisations des chasseurs lors de la validation des permis de chasse, mais aussi des contributions des sociétés ou associations communales de chasse agréées (ACCA) qui doivent une participation financière sans oublier les cotisations spécifiques à la chasse du grand gibier, détaille la FNC. Cette architecture se révèle insoutenable à mesure que les montants d’indemnisation augmentent : les charges ont explosé plus rapidement que les recettes des FDC, fragilisant leur équilibre financier. »

Au rang des griefs, la FNC ajoute qu’une partie du territoire échappe à la régulation du gros gibier. Elle estime qu’environ 30 % du territoire métropolitain « n’est pas chassé ou très peu chassé » en raison de restrictions ou d’interdiction de la chasse. C’est le cas par exemple des réserves naturelles, parcs nationaux ou encore zones autour des habitations et routes.

Un désengagement de l’État qui inquiète

La situation s’améliore pourtant. En 2023, un accord divisé en deux volets entre l’État, la FNC et les organisations professionnelles agricoles avait été trouvé pour réduire les dégâts de gibier et améliorer le système d’indemnisation. C’est dans le cadre de cet accord que l’État s’est engagé à apporter des fonds, 60 millions d’euros sur trois ans, pour soutenir le système d’indemnisation, financer des mesures de prévention des dégâts et pour la formation des estimateurs.

Les mesures mises en place pour réduire les dégâts ont porté leurs fruits. Même si le bilan définitif ne sera connu qu’au début de l’année 2026, l’objectif de réduction a été atteint pour la récolte 2024 (–18,4 % par rapport à l’année de référence de 2019 durant laquelle 45 000 hectares avaient été détruits). Il devrait l’être aussi pour 2025, selon la FNC.

Mais finalement l’amputation de 10 millions d’euros sur les 60 millions d’euros promis par l’État sème le doute pour la suite du côté des chasseurs. Au point qu’une motion a été votée lors du dernier congrès de la FNC en faveur d’un arrêt du paiement des « petits dossiers » d’indemnisation.

L’appel à une réforme

Tout en appelant l’État à respecter son engagement initial, les chasseurs militent pour une réforme plus profonde du système d’indemnisation des dégâts de gibier. « Refuser cette réforme, c’est laisser perdurer un système inéquitable, inefficace et ruineux, au détriment de tous : des fédérations des chasseurs exsangues, des agriculteurs en colère, des territoires en tension, et une nature en déséquilibre. La concertation entre les différents acteurs se poursuit activement afin de construire une réforme globale », souligne la FNC.

Elle compte pour ce faire sur le Parlement alors que le groupe d’études « chasse et pêche » à l’Assemblée nationale a reçu Willy Schraen, président de la FNSEA, le 15 mai dernier, pour écouter ses propositions, et sur de possibles prochains débats au Parlement autour d’une loi. Deux propositions ont été déposées en la matière sans qu’elles aient trouvé pour le moment une place dans l’agenda parlementaire : celle déposée en juin 2024 par le sénateur Laurent Burgoa (Les Républicains) et une deuxième par la députée Stéphanie Galzy (Rassemblement national).