Trois SEMOIRS monograine à grande vitess Trois SEMOIRS monograine à grande vitesse à l'essai
Nous avons vérifié la précision et l'impact sur le rendement de la culture de trois semoirs à maïs capables d'évoluer à 15 km/h. Un test riche d'enseignements.
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Jusqu'à présent, la vitesse maximale pour semer en monograine était de 8 km/h, en conditions optimales et avec un chauffeur chevronné. Mais depuis peu, des formules arrivent sur le marché avec des vitesses de semis deux fois plus élevées. Les agriculteurs sont souvent sceptiques par rapport à ces techniques et doutent de leur précision. Nous avons donc voulu mettre à l'épreuve les trois grands noms de la technique afin d'évaluer en conditions réelles leurs performances. A cet effet, nous nous sommes associés à notre confrère allemand Top Agrar qui a organisé le comparatif sur une exploitation du nord-ouest de l'Allemagne. Le maïs ensilage emblavé était destiné à alimenter un méthaniseur. C'est pour le moment le marché principal pour ce type de semoirs en Allemagne, les producteurs de maïs grain n'ayant pas toujours la surface pour valoriser de tels engins.
TROIS ACTEURS PRINCIPAUX
Amazone s'est lancé le premier dans cette technique en 2007 avec le principe EDX. Contrairement à ses deux concurrents, le constructeur allemand avait déjà une expérience dans le semoir monograine puisqu'il fabrique aussi des appareils conventionnels. L'EDX était déjà capable d'atteindre 15 km/h, ce qui représentait alors une performance inimaginable. Comme il fallait s'y attendre, plusieurs concurrents se sont alors lancés sur ce marché et lors d'Agritechnica 2011, Horsch a dévoilé le Maestro tandis que Väderstad lançait le Tempo. A la première occasion, nous avons saisi l'opportunité de tester ces trois machines dans les mêmes conditions. Les concurrents de ce comparatif sont : Amazone EDX 6 000-TC, Horsch Maestro 8.75 CC et Väderstad Tempo F8. Pendant toute une campagne de semis, les trois appareils ont travaillé d'abord avec les journalistes sur l'exploitation Bröker du nord-ouest de l'Allemagne puis chez des entrepreneurs. Les concurrents étaient des modèles traînés en huit rangs avec un espace interrang classique pour du maïs de 75 cm. L'objectif était triple : savoir à quelle vitesse ils pouvaient réellement semer, connaître l'effet de la vitesse sur la précision de semis et, enfin, déterminer l'impact sur le rendement de la culture.
FERTILISATION LOCALISÉE
Pour les mesures de précision, l'agriculteur a mis à notre disposition une parcelle de 8 hectares à sol sablonneux. La parcelle avait été labourée à l'automne et ne représentait plus de résidus. Le protocole prévoyait que chaque machine réalise des passages à 9, 12 puis 15 km/h. Pour faciliter la comparaison à la levée et à la récolte, elles évoluaient en parallèle. Afin de s'assurer que ces ensembles de 6 m conservent un écartement constant entre les rangs, le Claas Axion 820 était équipé de l'autoguidage et utilisait une correction RTK. Ce GPS avait un deuxième avantage, celui de contrôler la vitesse d'avancement réelle sans l'effet du patinage. Avant de donner le top départ, chaque semoir a été réglé par des techniciens de la marque, sur une parcelle adjacente. Les derniers réglages pour s'adapter au sol de la parcelle de test se sont déroulés sur un aller-retour. La consigne était de semer à 6 cm de profondeur un maïs ensilage LG 3216. Parallèlement, nous avons utilisé le dispositif de fertilisation location pour apporter un engrais Starter 20/20 à 5 cm sous la graine et 5 cm sur son côté. Les conditions climatiques pour la germination étaient moyennes. Le sol était suffisamment humide pour assurer la levée mais plusieurs nuits ont été très froides en mai, ce qui a détruit certaines graines. En conséquence, on pouvait observer plusieurs zones nues au sein de la parcelle. Néanmoins, les levées étaient très uniformes. Le 14 mai, nous avons estimé que ce maïs semé le 19 avril était suffisamment avancé pour que les ingénieurs de la DLG viennent faire les mesures.
DES MESURES EFFECTUÉES PAR LA DLG
Les mesures de précision ont été sous-traitées aux ingénieurs de la DLG, qui ont suivi leur protocole habituel d'évaluation des semoirs monograines. L'appareil pour réaliser les mesures évalue les distances avec une précision de l'ordre du millimètre. Le capteur est monté entre deux roues qui sont dépendantes l'une de l'autre pour supprimer le patinage. L'ingénieur pousse l'appareil de mesure au-dessus de chaque rang et deux palpeurs détectent les levées. Le nombre de levées et la distance entre chaque plante sont enregistrés sur l'ordinateur. Le résultat final sur la précision de placement est obtenu en faisant la moyenne de tous les espacements mesurés sur toutes les lignes de semis d'un appareil. Le nombre de doubles est calculé en comptant le nombre d'espacements qui sont 0,5 fois inférieurs à l'écart moyen. Quant aux manques, ils sont comptés à partir des écarts deux fois supérieurs à la moyenne. Le nombre de doubles et de manques est exprimé en pourcentage du nombre total de graines implantées. Le pourcentage restant est celui des graines correctement implantées. Plus cette valeur est élevée, meilleure est la précision de la technologie employée. La variation d'écartement évalue la précision du placement au millimètre près. Elle permet d'évaluer la régularité du travail du semoir. Plus la variation est faible, plus l'écartement entre les pieds de maïs est constant. Les manques et les doubles n'entrent pas dans le calcul de cette variation.
VÄDERSTAD EST LE PLUS PRÉCIS
Le semoir suédois a travaillé avec la meilleure précision, enregistrant des écarts de placements de 29 mm en moyenne. Mais là où la technologie impressionne surtout, c'est que cette performance a été maintenue à toutes les vitesses, y compris à 15 km/h. La proportion de doubles était également très faible, elle a même eu tendance à diminuer avec l'augmentation de la vitesse. Nous avons relevé un nombre de manques plus élevé mais, comme pour le Horsch et l'Amazone, il est difficile d'attribuer cette contre-performance au semoir car les gelées nocturnes ont probablement joué un rôle non négligeable dans cette affaire. Le placement de la graine sur le Maestro et l'EDX semble avoir été plus sensible à l'augmentation de la vitesse. Dans les deux cas, la précision de l'écartement entre les graines a diminué lorsque le chauffeur a accéléré, dans des proportions sensiblement identiques pour les deux machines. Il faut néanmoins préciser que Horsch a obtenu la plus petite variation d'écartement avec seulement 26,3 mm. Cette performance a été réalisée à 9 km/h. A la même vitesse, la variation sur l'Amazone est de 30 mm et celle du Väderstad de 29,7 mm. Au-delà de cette vitesse, le suédois est le plus précis. A 12 km/h, la variation sur le Horsch est de 30,5 mm et elle atteint 33,7 mm sur l'EDX. Enfin, en vitesse maximale (15 km/h), la variation du Maestro est mesurée à 33,8 mm contre 36,9 mm sur l'Amazone. Le Tempo reste de son côté dans sa moyenne de 29,2 mm. Comme pour le Tempo, l'EDX et le Maestro ont rencontré un taux anormalement élevé de manques, dû aux conditions climatiques. Néanmoins, comme les gelées ont été les mêmes pour les trois marques, il est possible de dégager une tendance et de constater que l'Amazone réalise plus de manques lorsque la vitesse augmente.
PLUS PRÉCIS QUE DES SEMOIRS CLASSIQUES
Même si les écarts entre les machines paraissent importants, notamment à grande vitesse, il est important de comprendre que l'on ne parle ici que de quelques millimètres. Ainsi, la différence entre le placement le plus précis et le moins précis n'est que de 10,6 mm, soit un peu moins de 2 cm. Cette différence n'est pas visible à l'oeil nu. La DLG a estimé que les performances de ces trois Formule 1 étaient meilleures que celles des semoirs monograines classiques roulant à 8 km/h. En effet, sur ces engins traditionnels, la précision est comprise en moyenne entre 25 et 30 mm.
ÉVALUER LES RENDEMENTS
Au-delà des mesures sur les écartements et les doublons, l'intérêt de ce comparatif était de mesurer l'impact réel sur le rendement. Dans un premier temps, nous avons demandé à un spécialiste en maïs de la chambre d'agriculture de Westphalie d'évaluer les levées à un stade précoce. Même s'il a remarqué des différences dans les stades de croissance, il les a attribuées à l'hétérogénéité du sol plutôt qu'aux variations dans l'écartement des graines.
Et comme, finalement, la seule chose qui compte c'est le rendement et la qualité du fourrage, nous avons ensilé la parcelle d'essai le 2 octobre. John Deere nous a prêté une ensileuse 7750i dont le principal intérêt était la présence de la dernière génération d'Harvest Lab, ce laboratoire embarqué sur la goulotte. Nous avons ensuite ensilé indépendamment chacune des 9 miniparcelles et cartographié à chaque fois les quantités de matière sèche. Afin de confirmer les résultats de l'Harvest Lab, nous avons emprunté une remorque à Fliegl. Équipée du système de vidange à fond poussant, elle dispose aussi d'un système de pesée embarquée. Enfin, le pont-bascule de la ferme a permis une ultime vérification.
PAS D'IMPACT SUR LE RENDEMENT
Notre comparatif montre que la vitesse et la précision dans l'écartement des pieds n'ont pas eu d'effet mesurable sur les rendements. Visiblement, les maïs ont été capables de compenser les variations au semis. La donnée la plus importante pour la germination est donc plutôt la régularité de la profondeur de semis et la qualité de recouvrement. Sur cet aspect, les trois concurrents ont réalisé des performances de haut niveau. Les trois systèmes, basés sur le concept américain à doubles disques, ont été capables de maintenir la profondeur de semis constante à 6 cm, comme le voulait la consigne. Concernant l'état de surface, les propriétaires de ce type de semoirs rapides devront s'habituer à laisser derrière eux des sols moins réguliers qu'avec un semoir monograine conventionnel. La raison est simple : à grande vitesse, les coutres d'implantation forment des sillons plus marqués qu'à 8 km/h. Cette différence peut être perturbante pour les agriculteurs qui aiment laisser un « billard » derrière le semoir. Les crêtes étaient les plus marquées avec le Väderstad. Même si le démontage des chasse-débris en étoile a un peu amélioré la situation, ce semoir est celui qui a laissé la surface la plus marquée. Comme on pouvait s'y attendre, nous avons rapidement constaté que le semis à grande vitesse ne pouvait pas être réalisé par un chauffeur novice. Il faut tout d'abord bien comprendre le fonctionnement de la bête pour être capable de la régler et surtout être en mesure de se concentrer un long moment. Le guidage par GPS est indispensable. Enfin, se pose la question du prix. Les appareils testés, qui comportaient tous les options haut de gamme, coûtent entre 70 000 et 100 000 €. A cela il faut ajouter le prix d'un tracteur de forte puissance. Dans le cadre de notre essai, l'Axion de 225 ch en avait plein les chaussettes et nous aurions été plus à l'aise avec 20 ch supplémentaires. Le coût de la technique est donc à mettre en balance avec l'augmentation de débit de chantier de plus de 50 % que nous avons constatée, c'est-à-dire avec l'économie d'un second chauffeur et d'un autre attelage.
LES 5 ENSEIGNEMENTS DU TEST
Augmentation du rendement de chantier. En travaillant à grande vitesse, ces semoirs d'un nouveau type peuvent augmenter le rendement de chantier de plus de 50 %.
Le Tempo n'est pas influencé par la vitesse. Il a espacé les graines avec régularité, à 9 comme à 15 km/h.
La précision diminue avec la vitesse chez Horsch et Amazone, même si l'écart mesuré est minime.
Le semis à grande vitesse est éprouvant pour le chauffeur. Il requiert une grande concentration et génère du stress. L'autoguidage est indispensable pour travailler à ces allures.
Les écarts minimes n'ont pas d'influence sur le rendement. Les trois semoirs ont obtenu les mêmes rendements en sortie d'ensileuse.
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