Maïs Localiser l'engrais phosphaté au semis
Cette technique favorise la croissance des plantules de maïs, à condition de bien positionner le produit.
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Des carences précoces en azote, en potasse et surtout en phosphore peuvent apparaître dès le stade des trois feuilles du maïs, avec à la clé des pertes significatives de rendement. A ce stade, les racines des jeunes plantes sont très peu développées et explorent un faible volume de sol, au voisinage de la raie de semis. D'où l'intérêt de localiser le phosphore à cet endroit, pour augmenter sa concentration dans la solution du sol et sa disponibilité pour les jeunes racines et améliorer ainsi la vitesse d'installation de la culture. «C'est d'autant plus nécessaire en maïs: il est semé en rangs très espacés et les racines ont accès plus tardivement à toute la surface du sol», explique Pierre Castillon, spécialiste de la fertilisation chez Arvalis. Une fois les racines bien développées, elles peuvent explorer les réserves dans le sol. «Le maïs s'alimente à 90% à partir des réserves du sol en phosphore, alors que pour l'azote il utilise surtout ce qui est apporté», souligne l'ingénieur.
Vigueur au départ
L'engrais ne doit être positionné ni trop près de la graine pour éviter l'intoxication ammoniacale ou une trop forte concentration saline, ni trop loin, pour que les éléments minéraux apportés soient disponibles rapidement. «Il faut être rigoureux, souligne Pierre Castillon. Le positionnement optimal pour le maïs consiste à placer l'engrais à environ 5 cm au dessous et 5 cm à côté de la semence.»
Par ailleurs, la distribution doit être très homogène sur le rang. Si elle est irrégulière, la levée risque d'être disparate. «Cette technique nécessite un matériel spécifique sur le semoir et elle ralentit le chantier de semis, alerte le spécialiste. Mais elle présente aussi un intérêt économique par rapport à l'application d'engrais incorporé dans le sol: l'humidité du grain à la récolte est plus faible, ce qui diminue les frais de séchage. Le taux de matière sèche est également plus élevé en maïs fourrage.»
La localisation au semis se justifie dans les situations où l'alimentation minérale des plantes est altérée, même si la teneur en phosphore est élevée: sols froids où la croissance des racines est lente, parcelles avec présence de parasitisme tellurique (lire l'encadré). Cette technique n'est pas indispensable dans les sols à forte disponibilité en phosphore qui ne sont pas soumis aux contraintes citées précédemment, ainsi que dans les sols fortement enrichis, notamment par des apports de fumiers et lisiers. Elle n'a pas non plus d'intérêt dans les sols à faible disponibilité en phosphore, pour lesquels une fertilisation phosphatée reste toutefois indispensable. Pour accroître fortement et rapidement la concentration de phosphore dans la solution du sol, il convient d'utiliser des engrais dont le phosphore est soluble dans l'eau, comme le phosphate d'ammonium (18-46, DAP...) ou le superphosphate. La dose apportée est indépendante de l'objectif de production et varie selon la disponibilité du phosphore dans le sol. «Elle oscille généralement entre 20 et 70 kg de P2O5 par hectare et peut monter à 120-150 kg/ha dans les sols très pauvres», précise Pierre Castillon.
Essais: rangs espacésDes effets identiques ont été observés dans les essais réalisés par Arvalis sur d'autres cultures à espacement de rangs élevé, comme la féverole, le soja, le sorgho et le tournesol. Mais la localisation de l'engrais est moins utilisée qu'en maïs. |
Des effets contre les nématodesLa localisation de l'engrais phosphaté au semis est également la technique la plus efficace pour limiter les dégâts causés par les parasites telluriques, comme les nématodes. Les plantes dont les racines se développent plus rapidement contournent l'effet des nématodes, qui n'arrivent pas à consommer suffisamment de racines pour les affaiblir. «Même si nous n'avons pas fait d'évaluations, nous n'excluons pas un effet de cette technique sur les taupins» précise Pierre Castillon, d'Arvalis. |
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