Reportage «Comment je tire profit des boues urbaines»
Chaque été, Sébastien Méry épand des déchets compostés de la station d'épuration d'Issoudun sur une partie de son exploitation.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
GAIN. Les boues épandues avant colza permettent à Sébastien Méry d'économiser de l'ordre de 150 unités d'azote par hectare.
«Cela fait maintenant six ans que je me suis engagé volontairement dans une démarche de valorisation des boues de la station d'épuration de la ville d'Issoudun. Dans mon esprit, il s'agit autant de profiter de leur intérêt agronomique que de réaliser des économies, » explique Sébastien Méry. Installé sur une exploitation de 230 hectares à Liniez, en Champagne berrichonne de l'Indre, le jeune agriculteur a toujours été soucieux de conserver, voire d'améliorer, la teneur en matière organique de ses sols, de même que leur teneur en éléments fertilisants. Il porte une attention particulière à une parcelle de 27 hectares de limons battants, située dans le Boischaut nord voisin.
Plan d'épandage obligatoire
Dans un premier temps, Sébastien Méry s'est tourné vers les agronomes de la chambre d'agriculture qui prennent contact avec les gestionnaires des stations d'épuration et sont chargés de la réalisation du plan d'épandage. Il s'agit de choisir les différentes parcelles de l'exploitation susceptibles de recevoir des boues, en tenant compte des contraintes de voisinage. Au terme de ce travail, 180 ha ont été retenus éligibles, à raison d'une trentaine chaque année. « Il nous est interdit d'épandre à moins de 150 mètres des habitations, confirme l'exploitant. De même, les boues chaulées et pâteuses sont entreposées au maximum une semaine en bout de champ. Malgré ces précautions, nous avons dû gérer un début de conflit avec une personne proche de la parcelle de Boischaut nord, qui se plaignait des odeurs. Jusqu'à ce jour, nous n'avons plus épandu sur ce terrain.» En pratique, un prestataire de services rémunéré par le producteur de boues se charge de la reprise et de l'épandage sur la parcelle retenue. Il utilise pour cela un épandeur à disques équipé de pneus basse pression.
Avant colza
Malgré cet équipement, Sébastien Méry a remarqué des problèmes de tassement et c'est une des raisons pour laquelle il laboure systématiquement la parcelle. La charrue permet en outre de bien enfouir paille et boues et de limiter ainsi la diffusion des odeurs et la volatilisation d'une fraction de l'azote des boues. «Celles-ci sont toujours épandues avant un colza, seule culture capable de consommer une grosse partie de cet azote disponible, argumente Sébastien Méry. A raison de 22 t/ha, nous apportons en moyenne 125 unités d'azote par hectare, auxquelles il faut ajouter 200 u/ha d'acide phosphorique, 40 u de potasse et environ 45 u de magnésie.»
L'azote absorbé par le colza dès l'automne est bien évidemment déduit de la fertilisation minérale de printemps. Seul un solde de 50 à 80 u/ha est apporté après pesée de la matière verte, selon la méthode mise au point par le Cetiom. Il économise ainsi de l'ordre de 150 u/ha d'azote. L'agriculteur réduit aussi d'une vingtaine d'unités la fertilisation du blé qui suit et n'apporte plus de fumure de fond.
Des boues recyclées en quasi-totalitéDans le département de l'Indre, les boues de stations d'épuration sont recyclées à plus de 90% par l'agriculture. Ainsi, en 2006, quelque 17.000 tonnes de boues liquides et les 12.500 tonnes de boues pâteuses ont été recyclées sur 1.070 hectares appartenant à quarante-huit exploitations réparties sur le territoire. Outre les stations classiques avec stockage en silo, les petites structures utilisant des bassins de lagunage à base de roseaux sont vidées tous les cinq à dix ans et leurs résidus épandus sur les champs. «Aujourd'hui, nous ne sommes pas en mesure de satisfaire toutes les demandes des agriculteurs,» souligne Joël Moulin, pédologue à la chambre d'agriculture. |
|
Analyses: métaux lourds
«Systématiquement analysées, les teneurs en métaux lourds des boues produites dans l'Indre sont seulement de l'ordre de 20% de la norme pour les différents éléments, assure Bernard Layer, de la chambre d'agriculture. Compte tenu des tonnages épandus, au bout de dix ans, nous ne devrions noter aucune augmentation de la teneur des sols.»
[summary id = "10022"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :