Stratégie - Réduire la facture avec les Stratégie - Réduire la facture avec les composts d'effluents
Depuis son installation, Denis Marchand a choisi d'épandre des produits organiques comme fertilisants de fond.
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MATIÈRE ORGANIQUE. C'est au départ pour améliorer les taux de ses sols pauvres en matière organique que Denis Marchand a opté pour les produits organiques. Il apprécie aussi l'économie qu'ils lui procurent.
Lors de son installation à Monceau-le-Neuf, dans l'Aisne, il y a cinq ans, Denis Marchand a constaté que les sols de son exploitation étaient pauvres en matière organique (de 1,5 à 1,9%). Afin de maintenir, voire d'améliorer ce taux, il a choisi de remplacer la fertilisation de fond minérale par des produits organiques dès l'année suivante. «On m'a présenté ces composts d'effluents enrichis pour un prix intéressant comparé à ceux des engrais minéraux, se souvient-il. Cet apport de matière organique est également favorable à la vie microbienne du sol.»
Denis a commencé par épandre du compost avant les betteraves. Il en met désormais devant toutes ses têtes d'assolement: betteraves, colza et maïs s'il lui reste du produit. Dans le même souci de maintenir le taux de matière organique, le jeune agriculteur a cessé d'exporter les pailles, comme le faisait le cédant jusqu'alors. Toutes les pailles sont enfouies, sauf avant le colza semé sans labour, afin de rendre le travail du sol plus facile et d'éviter le trop grand développement des limaces.
«J'ai commencé par épandre de l'Humocal, mais ce produit ne me plaisait pas. Il est trop sec et dégage un nuage de poussière lors de l'épandage, confie Denis. J'avais l'impression de ne pas l'épandre là où je voulais. Puis, le négoce Agri Service du Laonnois (Asel) m'a proposé le Deltagro + K 6%, commercialisé par la société Deleplanque. Ce produit me semble mieux équilibré. Il est également plus humide et s'épand de façon homogène.» Il s'agit d'un engrais composté, provenant de la Belgique, mélange de fientes de poules, de fumier de poulets et de la fraction solide de lisier de porcs. Il est enrichi en sulfate de potassium.
Composition stable
Ce compost, conforme à la norme NFU 42001, a une composition stable. Mais pour être sûr de ce qu'il épandait, Denis Marchand a fait refaire des analyses auprès du laboratoire de l'Inra de Laon, dans l'Aisne. D'autant que pour bénéficier de prix plus intéressants et être certain de la disponibilité du produit, l'agriculteur le commande en morte-saison et se fait livrer très tôt, en janvier.
«L'épandage n'étant réalisé qu'à la fin d'août, je voulais m'assurer que les éléments n'avaient pas migré dans le fond du tas pendant le stockage, souligne Denis Marchand. Les analyses des échantillons prélevés sur la croûte et dans le tas de compost étaient identiques à la composition fournie par le négociant.»
Sur la parcelle «Les Riez Bataille», représentative de l'exploitation, Denis Marchand a ainsi réalisé deux apports organiques depuis son installation. Une analyse de terre effectuée dans le courant de l'été de 2004 préconisait d'apporter 120 u/ha de P2O5 et 185 u/ha de K20 pour les betteraves, une impasse pour le blé suivant, et enfin 80 u/ha de P2O5 pour les pois protéagineux en troisième culture. Denis Marchand a épandu 7 t/ha d'Humocal avant les betteraves, soit 210 u/ha de P2O5 et 490 u/ha de K2O. La fertilisation a ainsi été bloquée pour les trois années culturales suivantes. Une nouvelle analyse de terre réalisée en 2007 a permis d'ajuster la fertilisation du blé récolté en 2008. L'agriculteur a apporté 100 u/ha de P2O5 sous forme minérale. Pour les betteraves qui seront semées au printemps de 2009, il vient d'apporter 5 t/ha de Deltagro, soit 100 u/ha de P2O5 et 300 u/ha de K2O.
Prix en hausse
Avant les colzas semés à la fin d'août 2008, Denis Marchand a épandu 3 t/ha de Deltagro. Ses terres très calcaires ayant un pouvoir fixateur vis-à-vis du phosphore élevé, il compte ajouter un complément de phosphore minéral sous une forme peu rétrogradée en milieu basique.
Le compost est épandu par le père de Denis, qui fait de l'entreprise, à l'aide d'un épandeur Delaplace avec une table d'épandage. Le tarif est de 9 euros par tonne épandue. Mais cela ne représente pas un handicap à ses yeux.
«Travaillant seul sur l'exploitation, si je devais épandre de grosses quantités d'engrais minéral, ce ne serait pas facile, explique le jeune agriculteur. Je devrais sans cesse revenir à la ferme. L'engrais minéral que j'apporte est surtout de l'appoint et je peux le faire seul. En faisant appel à l'entreprise, je gagne en temps de travail.»
Denis Marchand a acheté 43,50 €/t le compost Deltagro + K 6% qui lui a été livré en janvier 2008. Mais le prix risque d'être fort différent pour les épandages en 2009. Selon Asel, il n'y a pas de produit disponible avant octobre, car les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers ces produits organiques pour contrer la hausse des cours des fertilisants minéraux. Entre décembre 2007 et mars 2008, les prix des composts avaient déjà augmenté de 15 €/t. Ils auraient quasi doublé en un an, mais cela devrait rester avantageux comparé aux engrais minéraux.
«Même si les prix augmentent, je pense continuer d'épandre des composts de fientes et de lisiers tant qu'ils ne sont pas plus coûteux que les engrais minéraux, affirme Denis Marchand. S'ils devenaient plus onéreux que les engrais classiques, je me poserais la question de continuer ou non.»
Profiter de l'azote apporté par les effluents
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Le semis de cultures intermédiaires pièges à nitrates est obligatoire dans l'Aisne, dans le cadre du troisième programme d'action de la directive nitrates, si l'épandage de produits organiques est réalisé avant le 1er septembre.
Denis Marchand sème de la moutarde après les épandages de composts précédant les betteraves et les maïs assolés. Il implante également une quinzaine d'hectares de moutarde avant les orges de printemps dans le cadre d'un contrat d'agriculture durable (CAD). Pour ajuster la fertilisation azotée, le jeune exploitant réalise des reliquats azotés sur betteraves, colza, maïs et orges de printemps. Il fait également appel à la technologie Farmstar pour la fertilisation de ses blés, ainsi que des colzas en 2008. Sur la parcelle «Les Riez Bataille», en 2005, le conseil de fertilisation azotée a montré que le complément d'azote à apporter pour les betteraves n'était que d'une soixantaine d'unités.
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