« Tous les principaux producteurs européens que sont l’Espagne, l’Allemagne, la France, le Danemark et les Pays-Bas ont très peu de truies » qui ne sont pas en stalles bloquées, mais « cela va changer dans les 15 prochaines années, estime Christine Roguet, spécialiste de l’économie de la filière à l’Institut du porc (Ifip). La pression est montée à l’échelle européenne pour interdire au maximum la contention individuelle. »

 

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Une « initiative citoyenne européenne » pour demander l’interdiction des cages (pour tous les animaux d’élevage, poules pondeuses, lapins, canards…) a recueilli près de 1,4 million de signatures, contraignant la Commission à se saisir de la question.

 

Vers un « standard réglementaire »

Fin juin, elle s’est engagée à présenter d’ici à 2023 une proposition législative visant à interdire l’élevage en cage dans l’Union européenne, pour une entrée en vigueur potentielle en 2027 — sachant qu’il y a ensuite toujours une période de transition.

 

L’Allemagne a pris les devants. Le pays laisse aux éleveurs jusqu’à 2035 pour convertir leurs bâtiments aux cases « liberté » où les truies pourront se mouvoir sur une surface minimale de 6,5 m².

 

L’Autriche est dans une dynamique similaire. Certains producteurs plus modestes (Suède, ou hors Union européenne, Norvège et Suisse) ont déjà interdit les cages. « Il est probable que la maternité liberté deviendra un standard réglementaire à moyen terme », anticipe Bertrand Convers, cadre du groupe industriel Cooperl, leader du secteur en France qui « sensibilise » ses 2 900 producteurs sur le sujet.

 

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Des coûts sans revenus supplémentaires

« Cependant, poursuit-il, le surcoût d’une maternité liberté pour l’éleveur peut être estimé entre +38 et +100 % selon la configuration de l’élevage et les options techniques retenues. » Sans qu’il en tire des revenus supplémentaires à ce stade.

 

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« Le [porc] sans antibiotiques, on arrive à le valoriser auprès du consommateur français et chinois », qui y trouve son intérêt sur le plan sanitaire, mais il n’y a « objectivement aucune différence gustative entre case et cage », remarque la secrétaire générale de la Cooperl, Anne-Marie Boullier.

 

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Le consommateur doit participer

« Les acteurs ont conscience qu’il faut prendre en compte davantage de critères de bien-être animal. Ce qui les freine, ce sont les coûts », résume Hervé Guyomard de l’Inrae, qui préside l’association LIT Ouesterel (1), qui cherche à concilier attentes sociétales et contraintes des éleveurs.

 

De son côté, la directrice de l’association de défense des animaux d’élevage CIWF, Léopoldine Charbonneaux, juge que si les Allemands « sont en mesure de le faire, nous le pouvons aussi avec les aides et l’accompagnement nécessaires ». Tous soulignent que la transition sera plus aisément financée si les consommateurs sont prêts à payer la viande un peu plus cher.

 

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(1) Laboratoire d’innovation territorial « Ouest Territoires d’élevage ».