Depuis début octobre 2025, les semaines se suivent sans montrer d’évolution majeure des cours du blé en Europe et en France.
Prix stables pour le blé sur le marché européen
Les volumes de récolte en hausse et les disponibilités importantes en Europe et dans la zone mer Noire plombent les prix du blé. L’arrivée prochaine des origines argentines pèse aussi sur le marché, même si les questions relatives à la qualité restent à régler, tout comme la réelle capacité de cette origine à se repositionner rapidement vers le débouché nord-africain.
Le potentiel de production en Australie se renforce également, amenant l’International grains council (IGC) à réviser à la hausse sa prévision de production pour la campagne 2025-2026. L’IGC confirme un record avec une production mondiale de blé désormais estimée à 827 millions de tonnes. C’est 8 millions de tonnes supplémentaires par rapport à la précédente estimation, et 27 millions de tonnes de plus que l’an dernier. Sans surprise, le volume des stocks de report augmente à l’échelle mondiale, sans pour autant dépasser son niveau record de la campagne 2022-2023.
Sur les niveaux de prix actuels, certains pays importateurs se repositionnent, à l’image des appels d’offres observés cette semaine. L’Algérie s’est ainsi positionnée pour un achat de blé tendre, pour un volume rapporté par les opérateurs à hauteur de 600 000 tonnes, à un prix avoisinant 258,50 $/t Caf pour des livraisons sur les mois de novembre et décembre.
L’origine française est toujours boudée par l’office algérien des céréales (AOIC) pour d’autres raisons que celles des prix. L’origine française affiche des prix attractifs aidés par la détente de la parité entre l’euro et le dollar. L’activité à l’exportation, en raison des volumes importants disponibles cette saison, demeure cruciale pour limiter la taille du stock de report à la fin de juin 2026.
Nette progression des récoltes de maïs
Les récoltes de maïs en France ont connu une vive accélération. La perspective de dégradations pluvieuses a poussé les producteurs à accélérer les travaux. Les dernières estimations de FranceAgriMer font état d’une récolte désormais réalisée à 75 %. L’hétérogénéité des rendements se confirme, marquant de fortes disparités régionales. À l’échelle internationale, les récoltes en Europe et aux États-Unis se poursuivent également, renforçant ainsi les disponibilités.
La concurrence entre les céréales se renforce, notamment vers le débouché de l’alimentation animale. Cela pousse les cours du maïs à se réajuster à la baisse face aux prix des orges fourragères ou des blés. Les prix du maïs en rendu Bordeaux s’affichent en repli à 178 €/t en base juillet pour la récolte 2025. Le niveau actuel se rapproche ainsi des plus bas affichés en ce début de mois d’octobre, et donc toujours proche des plus bas de la campagne.
Le rebond des prix observé aux États-Unis est pour le moment sans effet sur les cours européens. Les prix du maïs américain ont, à nouveau, progressé sur la semaine dans l’espoir hypothétique d’une amélioration des échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine. Les niveaux actuels engendrent également une certaine rétention à la vente de la part des producteurs américains, élément qui entretient aussi le mouvement de stabilisation au-dessus de 4,20 $/boisseau sur le marché de Chicago, pour l’échéance rapprochée de décembre 2025.
Mouvement de rebond en colza
Le marché du colza profite de l’amélioration des prix des autres oléagineux, graine de tournesol en tête, et du soja, pour s’apprécier. Les prix du colza en Fob Moselle enregistrent une hausse de 10 €/t sur la semaine et reviennent tester le niveau de 470 €/t. Ce retour sur les plus hauts niveaux de prix depuis deux mois s’explique notamment par les déceptions observées sur les récoltes de tournesol en Ukraine. Cette situation laisse craindre une moindre disponibilité des graines de tournesol à triturer en Europe et pousse à sécuriser de nouveaux volumes de graines de colza pour maintenir l’activité de trituration avec des graines de colza.
Les volumes disponibles de canola au Canada demeurent un élément toujours rassurant, tant en graines qu’en huile, en cas de besoin. Le différentiel de prix entre les graines d’origines canadienne et européenne reste élevé. Cette configuration facilite la construction de programmes d’importation par les Européens. À ce jour, les cours du canola à Winnipeg se stabilisent, oscillant sur l’échéance rapprochée de novembre 2025 entre 610 et 620 $CAD/t.
Le prix des graines de colza européennes trouvait jusqu’à présent un bon soutien grâce à la bonne tenue des cours des huiles, dans un contexte de raffermissement des prix des énergies et de l’huile de tournesol. Désormais, la fermeté des prix des tourteaux de colza apporte, au moins à court terme, un nouveau facteur de soutien.
La hausse des prix enregistrée sur la récolte de 2025 pousse également les prix pour la récolte prochaine à s’apprécier. Ainsi, les prix du colza en nouvelle récolte, pour un équivalent Fob Moselle, évoluent au-dessus de 465 €/t et effacent ainsi le mouvement de baisse observé depuis les deux derniers mois.
Fermeté des tourteaux
Un net changement a été observé cette semaine sur le marché des tourteaux de soja, entraînant dans son sillage les autres tourteaux de substitution à la hausse. En zone portuaire, les cours, qui oscillaient depuis début octobre entre 310 et 315 €/t en délivré Montoir, ont marqué un net rebond. Les prix ont progressé de 7 % sur la semaine, repassant au-dessus de 330 €/t, atteignant leur plus haut niveau depuis août dernier.
Les nouvelles annonces de la Commission européenne concernant la réglementation de l’Union européenne contre la déforestation ont ravivé les interrogations sur sa mise en œuvre et son impact pour les importateurs et utilisateurs européens. Le nouveau projet prévoit bien une entrée en vigueur au 31 décembre 2025 avec une mise en place progressive jusqu’au 30 juin 2026.
Après avoir invoqué des difficultés liées à la gestion informatique des données pour justifier un report, la Commission cherche désormais à simplifier les déclarations à remplir par les entreprises concernées. Par ailleurs, afin de répondre aux contraintes exprimées par les micro et petites entreprises, un délai supplémentaire d’un an leur serait accordé avant de devoir se conformer aux obligations du règlement.
À ce stade, les opérateurs restent dans l’incertitude, d’autant que le Parlement européen et le Conseil européen doivent encore valider ce nouveau projet avant sa mise en application. Face à ces éléments, les transactions se sont fortement ralenties, les vendeurs de tourteaux de soja étant peu enclins à s’engager sur de nouveaux volumes. Par effet de ricochet, les acheteurs se tournent vers les autres tourteaux disponibles, dont les prix sont également orientés à la hausse.
En parallèle, sur le marché de Chicago, les tourteaux de soja progressent dans le sillage de la graine de soja, soutenus par l’espoir d’un apaisement des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. Le ton semble s’adoucir entre les deux parties. Une rencontre formelle entre Donald Trump et Xi Jinping est prévue la semaine prochaine en marge du forum de coopération économique Asie-Pacifique organisé en Corée du Sud.
(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.
(2) À suivre : rencontre prévue jeudi prochain entre les Présidents chinois et américain, notamment sur les questions de relations commerciales et tarifaires ; mouvement de repli de la parité euro-dollar à surveiller, actuellement de retour sur le seuil de 1,16 ; progression des travaux de récolte de maïs aux États-Unis et en Europe ; évolution des conditions de culture dans l’hémisphère Sud : à ce jour, le potentiel de production en Australie s’annonce très favorable.