Le labour génère des coûts et du temps de travail

Vrai. Un essai d’Arvalis de longue durée à Boigneville (Essonne) a comparé, toutes choses égales par ailleurs, trois systèmes : labour, travail superficiel et semis direct. Il conclut que les techniques simplifiées de travail du sol permettent pour une exploitation de gagner du temps, d’alléger les pointes de travaux de la fin de l’été et de l’automne et de réduire les consommations en carburant « jusqu’à 50 % selon l’orientation choisie ».

À surface équivalente, et sous réserve de disposer d’un matériel et de main-d’œuvre adaptés, les techniques sans labour génèrent des charges de mécanisation et de main-d’œuvre inférieures à la référence labourée.

Les sols labourés sont plus compactés

Faux. Dans le Rhône-Alpes, une expérimentation de longue durée de l’Isara de Lyon a étudié les effets sur le sol en bio de plusieurs techniques : labour profond, labour agronomique sans rasettes, travail réduit et travail très superficiel, voire semis direct. Elle a montré que l’absence de fragmentation mécanique en profondeur peut avoir des effets négatifs sur la structure d’un sol. « L’impact était plus fort sur sols sableux sensibles au tassement que sur sols argilo-calcaires pour lesquels d’autres processus climatiques et biologiques permettent de régénérer la structure en profondeur », explique Jean-François Vian, enseignant-chercheur à l’Isara.

La biologie du sol peut compenser l’absence de travail en restructurant le sol en profondeur, mais le processus demande du temps, et de la vigilance. Dans l’essai de l’Isara, des effets positifs des organismes du sol sont apparus au-delà de 25 cm au bout de cinq ou six ans. « Néanmoins, il a suffi d’une année climatique difficile, avec des interventions dans des conditions limites, pour générer des tassements en profondeur, impacter la porosité biologique et annuler l’effet de ces cinq ou six années de non-labour, rapporte Jean-François Vian. Si on ne fait pas attention à ses conditions de passage, on peut anéantir le travail de la biologie en une ou deux campagnes. »

Le labour est sécurisant

Vrai. « C’est un système éprouvé, plutôt sécurisé et simple », admet Jérôme Labreuche, ingénieur chez Arvalis. Le labour gomme certains défauts des parcelles : mauvaise répartition des pailles, tassement, problèmes d’enherbement… Il prévient toutefois : « Si le non-labour a tendance à favoriser le risque de graminées adventices, dans les systèmes avec beaucoup de cultures d’automne, il y a plutôt intérêt à diversifier et rallonger les rotations. » Le labour est également plus sécurisant pour implanter des cultures de printemps et accélère le réchauffement des sols.

Le risque d’échec au semis en l’absence de labour est plus élevé en sol humide ou hydromorphe. « Notamment les premières années, et en particulier quand le risque de tassement est important, par exemple après les récoltes tardives de betterave, pomme de terre ou maïs, où des engins lourds rentrent dans les parcelles », souligne Jérôme Labreuche.

Le non-labour augmente le stockage de carbone dans le sol

Faux. Plutôt que la quantité, c’est la répartition qui diffère. Les teneurs en carbone ont été mesurées sur le dispositif de Boigneville entre 1970 et 2017. « La réduction du travail du sol concentre le carbone en surface, mais sur l’ensemble du profil, il n’y a pas de différence », résume Jérôme Labreuche. Les couches profondes du sol doivent être considérées pour avoir une bonne vision du stockage. « Souvent, seuls les premiers centimètres sont mesurés par certains, ce qui crée un biais », poursuit le spécialiste.

Apports de matière organique, couverts végétaux, ne pas exporter les pailles… « Ces leviers permettent bien davantage d’augmenter le stock de carbone que le fait de limiter ou supprimer le travail du sol », insiste-t-il.

Le labour diminue le nombre de vers de terre

Vrai. Moins le sol est perturbé, plus le développement de vers de terre est favorisé. Les essais de l’Isara ont en effet montré une abondance et des activités de vers de terre supérieures dans les modalités de conservation du sol. « Pour certains autres macro-organismes, ce n’est pas forcément le cas, nuance Jérôme Labreuche. Parfois, on extrapole ce qu’on observe sur les vers de terre à d’autres organismes, mais ce n’est pas si simple. »

Moins le sol est perturbé, plus le développement de vers de terre est favorisé. (©  Claudius Thiriet)

Les micro-organismes sont moins abondants dans les sols labourés

Faux. Comme pour le stockage du carbone, la réduction du travail du sol concentre les micro-organismes en surface mais, à l’échelle du profil de sol, la quantité reste similaire entre sols labourés ou non. Leur diversité différerait toutefois. « Il y aurait davantage de diversité bactérienne dans les sols travaillés régulièrement qu’en semis direct », rapporte Jean-François Vian.

Considérant la taille et le temps de renouvellement des bactéries, la perturbation des sols les impacterait peu. Ce serait moins vrai pour les champignons qui ont des hyphes et des ramifications. « Pour autant, quelle est la qualité de cette diversité bactérienne par rapport aux fonctions qu’elle peut assurer ? C’est une question encore très ouverte », assure l’expert.

Le labour favorise l’érosion

Vrai. Les systèmes où le labour revient fréquemment ont des risques d’érosion plus élevés. « D’autant plus dans les zones sensibles à l’érosion ou en pente. Dans ces cas, une vraie réflexion est nécessaire, voire l’abandon du labour quand c’est possible. Le sol est un capital non renouvelable à notre échelle de temps, qu’il faut préserver », appuie Jean-François Vian.