L’implantation du colza est une étape décisive qui conditionne la robustesse de la culture face aux ravageurs et aux aléas climatiques. L’objectif est de favoriser une levée rapide afin d’atteindre le stade 4 feuilles autour du 20 septembre, avant l’arrivée des altises, tout en assurant une croissance régulière à l’automne et une reprise dynamique en sortie d’hiver.

Dès que les conditions le permettent, en fonction du type de sol, de sa structure et de l’humidité, il convient de préparer les parcelles, idéalement d’ici début août. L’intérêt est d’être réactif pour semer les colzas, et de profiter ensuite d’une pluie (idéalement 7 à 10 mm). « Il ne faut pas attendre trop tard pour préparer les terres, confirme Mathieu Dulot, ingénieur de développement dans le Nord-Est chez Terres Inovia car si le manque de pluies persiste jusqu’au semis, le travail du sol risque d’accentuer le dessèchement et de pénaliser la germination des graines de colza. »

Les sols secs compliquent les préparations

Le fait marquant de cette année est la sécheresse des sols en profondeur. La préparation du lit de semence s’annonce donc parfois complexe, notamment dans les sols argileux. Il est nécessaire que le sol se réhumidifie pour permettre un bon travail du sol. En cas d’orage, les pluies sont souvent intenses mais brèves avec souvent une infiltration limitée dans les horizons profonds.

Les moissons précoces, réalisées en bonnes conditions, ont laissé les terres globalement peu tassées par les batteuses et les bennes. « Cela laisse du temps pour apporter des effluents organiques qui seront valorisés par le colza au cours de l’automne et de réaliser un déchaumage superficiel », précise Mathieu Dulot. Si des pluies interviennent, ce faux semis permet aux repousses de céréales de lever. Ce qui évite qu’elles ne germent en même temps que le colza et entrent en concurrence avec lui pour l’azote.

Attention à la gestion des résidus de paille

Un déchaumage superficiel permet aussi de bien répartir les résidus du précédent cultural. Cependant, avec un climat sec, les pailles ont du mal à se dégrader rapidement ce qui complique la préparation du sol. « Le risque est alors d’implanter le colza dans un matelas de paille et de terre défavorable à la levée », explique Mathieu Dulot.

En présence de quantités importantes de paille dans la parcelle et de sols secs, deux stratégies sont envisageables : tout mélanger profondément pour une bonne répartition des pailles ou, en technique culturale simplifiée (TCS), laisser la paille en surface pour pouvoir semer la graine dans la terre en dessous et pas dans un mulch.

Semoir monograine

Un semoir monograine est le plus adapté pour une levée plus homogène notamment en conditions difficiles. La densité recherchée est de 30 pieds par m² pour ne pas avoir trop de concurrence vis-à-vis de l’azote et faire que chaque plante arrive à 50-60 g à l’entrée de l’hiver. Si le sol est assez frais, la graine sera implantée à 2 cm de profondeur. S’il fait sec au moment du semis, il faudra mettre les graines un peu plus profondément pour qu’elle puisse germer après une pluie significative.