En maraîchage sous abris, les sols sont particulièrement sollicités par les passages répétés des engins. « Ils ont tendance à la compaction et, dans certains cas, se révèlent pauvres en matière organique », relève Antoine Dourdan, chargé d’expérimentation à l’Association provençale de recherche et d’expérimentation légumière (Aprel).
Le programme Sirius, mené dans le Sud-Est entre 2020 et 2023 par l’Aprel, le Criiam Sud, la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes et le Ceta d’Eyragues (Bouches-du-Rhône), a permis d’identifier des leviers pour améliorer la structure des sols : la réduction des travaux et l’apport de matière organique.
Interventions localisées sur le rang de plantation
L’expérimentation a été menée en partenariat avec un producteur des Bouches-du-Rhône (lire l'encadré), dans deux tunnels de 400 m², dont un témoin. Sous ces abris, cet agriculteur produit des cultures d’hiver (épinard, fenouil) et de printemps (poivrons, aubergines).
Avant l’implantation des cultures d’hiver, la parcelle de l’essai a fait l’objet d’un travail du sol en surface à 10 cm de profondeur avec une herse rotative pour permettre une bonne implantation des semis. Le matériel a été adapté : la herse a été légèrement rehaussée pour limiter la profondeur d’action. Avant la mise en place des cultures de printemps, l’intervention a été localisée sur le rang de plantation, à 20 cm de profondeur. L’agriculteur a utilisé une sous-soleuse dont toutes les dents superflues ont été retirées.
Broyat ou compost entre les cultures
« Nous avons apporté de matière la organique sous forme de broyat et de compost de déchets verts ainsi que d’engrais vert », explique Antoine Dourdan. Les apports de broyat (15 t/ha) et de compost (30 t/ha) ont été réalisés, de manière alternée, entre chaque culture pendant toute la durée de l’essai. Ils ont été enfouis dans le sol au moment des travaux de préparation.
Un semis d’engrais verts (millet/sorgho) a lieu au printemps 2022 entre la culture de fenouil et d’épinard. Ce couvert a été maintenu durant un mois et demi, et a été fauché. Il a été suivi d’un apport de broyat (30 t/ha). « Pour accélérer leur décomposition, nous avons pratiqué une occultation en apposant une bâche opaque dans le tunnel pendant une trentaine de jours, explique Antoine Dourdan. À l’issue de cette opération, les engrais verts avaient totalement disparu, il ne restait que quelques traces de broyats. »
Des résultats « encourageants »
« Les premiers résultats sont encourageants, enchaîne-t-il. Si le sol reste compacté aux passages des roues, sa structure offre une meilleure porosité au-delà de 10-15 cm. Nous avons également observé la présence de galeries, mais pas de vers de terre à ce stade de l’essai. »
Mieux encore, la composition des sols a été significativement améliorée. Sur la parcelle d’essai, le taux de matière organique et de carbone organique, relevé par les expérimentateurs, a ainsi bondi de plus de 65 % entre 2020 et 2023, contre seulement +4 % pour la parcelle témoin, où des amendements classiques ont été effectués. La capacité d’échange cationique — indicateur de la rétention et de l’échange des éléments nutritifs — est également bien meilleure. Les rendements n’ont pas été affectés. Ils sont similaires sur les deux parcelles.