Certaines pratiques agricoles ont un potentiel pour améliorer la santé des sols, « surtout lorsqu’elles sont appliquées sur de grandes surfaces dans les plans stratégiques de la Pac », précise le rapport publié le 3 novembre 2025 par la Commission européenne.

L’analyse pour la période 2023-2027 de la Pac permet d’identifier quelles pratiques agricoles peuvent avoir le plus d’impact positif sur la protection des sols. Elle s’est penchée sur les pratiques mises en place dans treize États membres dans le cadre de plans stratégiques de la Pac, et sur les bonnes pratiques agricoles et environnementales (BCAE) en lien la conditionnalité. Bien que la France ne fasse pas partie des treize pays étudiés (1), elle n’en reste pas moins concernée par les résultats de cette étude qui pourront servir à « la conception de futures architectures vertes » de la Pac.

Les couverts végétaux parmi les plus bénéfiques au sol

L’étude « met en évidence la nécessité de décisions politiques ciblées et efficaces ». Les couverts végétaux sont cités parmi les pratiques les plus bénéfiques. Les bandes tampons sont significatives pour lutter contre l’érosion des sols et la lixiviation de l’azote. L’utilisation de biochar est une autre pratique favorable à la réserve utile en eau.

Les pratiques agricoles « favorisant la gestion des sols » sont celles ayant le plus de potentiel à améliorer plusieurs caractéristiques du sol, selon les résultats de l’étude. Il s’agit des « pratiques limitant le travail du sol ou assurant une couverture du sol ». En particulier, « laisser les résidus de récolte, en conservant les chaumes » est identifié comme une pratique clé selon cette analyse qui se base sur des « estimations approximatives quantifiées ».

« Servir de référence »

Les auteurs de cette étude travaillent pour la direction générale de l’agriculture et du développement rural de la Commission européenne (DG Agri), « sans pour autant refléter nécessairement l’opinion officielle de la Commission ». Leur mission est d’assister l’Union européenne et les États membres dans l’évaluation de la Pac.

« Les résultats montrent comment des estimations approximatives quantifiées peuvent étayer l’évaluation de la contribution estimée de la Pac actuelle aux objectifs environnementaux et de santé des sols », soulignent les auteurs. Les quantifications fournies par cette analyse peuvent aussi « servir de référence pour la prochaine période de programmation » de la Pac post-2027. Par exemple, les auteurs estiment que les plans stratégiques ont le potentiel d’augmenter la teneur en carbone organique des sols agricoles de 0,92 % par an, en moyenne sur les différents pays couverts, quand les BCAE contribueraient à une augmentation de 0,14 % par an.

Une première loi en Europe pour la santé des sols

La Pac ne représente qu’une partie des solutions pour faire face à l’immense défi de la dégradation des sols. 10 % des terres européennes agricoles notamment seraient dégradées selon des chercheurs.

Le 23 octobre 2025, le Parlement européen a voté la toute première loi pour la santé des sols. Elle avait été proposée en 2023 par la Commission européenne. La dernière version du texte - obtenue après des mois de négociations -, fixe des règles pour surveiller et améliorer la santé des sols, sans objectifs contraignants cependant. Dès la publication au Journal officiel, les États membres disposeront de trois ans pour mettre en œuvre la directive qui vise des sols sains pour 2050.

(1) Tchéquie, Allemagne, Danemark, Grèce, Espagne, Finlande, Hongrie, Italie, Luxembourg, Lettonie, Pays-Bas, Pologne et Roumanie.