Près de 90% du sorgho américain est produit au  Kansas et au Texas, parmi les grandes régions agricoles où la pluie est le moins tombée depuis le début de l'été. Selon les dernières estimations du ministère américain de l'Agriculture (USDA), les rendements du sorgho se sont effondrés de 37% par rapport à l'an dernier, davantage que n'importe quelle autre culture aux États-Unis. Ils chuteraient de 69 boisseaux par acre pour la campagne de 2021-2022 à 43 boisseaux par acre pour 2022-2023.

"On n'a même pas pu faire de récolte"

Dans le Nebraska, État voisin du Kansas, Rachel et Steve Tucker en avaient planté cette année dans le cadre de leur activité fourragère. Mais "il n'a pas produit de graines, donc on n'a même pas pu faire de récolte", explique l'exploitante agricole. Heureusement, "il a quand même fait des feuilles, donc on a pu faire paître notre troupeau dessus", dit-elle.

Craignant l'absence de précipitations, les Tucker avaient choisi de ne pas planter de maïs, gros consommateur d'eau. "Mais même les cultures qui n'en ont pas autant besoin n'ont pas eu leur rendement habituel", souligne l'agricultrice. Le millésime a été si mauvais que les États-Unis y ont perdu leur place de premier producteur mondial de sorgho, au bénéfice du Nigeria.

"Toutes les cultures à genoux"

"Le sorgho est bien adapté à de courtes périodes de sécheresse mais celle de cette année (...) a mis toutes les cultures à genoux", fait valoir Adam York, du Sorghum Checkoff, organe de la profession qui cherche à donner de la visibilité au sorgho aux États-Unis. Sur la dernière décennie, les surfaces réservées au sorgho stagnent, selon l'USDA. Aussi appelé milo, il est souvent utilisé comme culture de rotation, après le maïs.

Essentiellement plante fourragère ou destinée à la production de l'éthanol, le sorgho est de plus en plus prisé des consommateurs, notamment parce qu'il ne contient pas de gluten et n'est pas génétiquement modifié, contrairement au maïs américain. Adam York invite toutefois à ne pas tirer de conclusions basées sur l'année écoulée. "Le sorgho a un bel avenir, assure-t-il. Et nous espérons voir les agriculteurs cultiver de plus en plus le sorgho, (...) en particulier parce qu'il économise les ressources en eau."