Peu après son installation en 1998 à Alairac dans l’Aude, David Vincent cherche à enrayer la baisse de rendement en blé dur et tournesol, alors seules cultures de l’exploitation. Il s’intéresse à l’ACS (1) et entend par la même occasion se libérer du temps. C’est dans ce contexte que, en cherchant une nouvelle tête d’assolement, David se tourne vers le sorgho grain. Son implantation après un couvert lui a notamment permis de réduire la pression ray-grass à laquelle il faisait face et de « travailler » le sol avec son système racinaire puissant.

« Mais il n’a pas tout résolu, nuance l’agriculteur. Le sorgho reste une graminée qui favorise certaines adventices et maladies telluriques et consomme de l’azote, en faisant un mauvais précédent blé dur. » C’est ainsi que la rotation type a progressivement évolué pour arriver aujourd’hui à un sorgho, maïs ou millet auquel succède un oléagineux, puis un protéagineux dans lequel est implanté un couvert de sarrazin et luzerne. Celle-ci est maintenue, si possible, pendant les trois campagnes suivantes où s’enchaînent blé de force, blé dur et orge ou avoine.

Eviter « l’effet jackpot »

Le sorgho occupe aujourd’hui quelque 30 ha sur les 190 de l’exploitation où les sols limono-sableux, à faible potentiel, ont une profondeur « globalement convenable » à plus de 90 cm. Tournesol et maïs grain y sont aussi cultivés en sec. Entre 10 et 15 ha pour le premier, et entre 5 et 10 pour le second, introduit il y a cinq ans pour sa biomasse plus importante que celle du sorgho, et installé sur les terres à meilleure réserve utile. « Le sorgho s’en sort mieux que le maïs et le tournesol sur les moins bonnes terres mais il n’est pas miraculeux. En 2022, le rendement a été catastrophique, à moins de 10 q/ha », raconte David.

« En 2023, il était de 48 q/ha, ce que je considère comme une bonne année », reprend-il. En maïs, l’année a été plus difficile avec d’importants dégâts de sangliers. Les tournesols sont quant à eux souvent impactés par les oiseaux. « Je vois des inconvénients dans toutes ces cultures, résume-t-il. Mais en moyenne, leurs marges sont proches. Je conserve les trois pour éviter l’effet jackpot d’une année humide, et l’effet vache maigre d’une année sèche. »

Des impasses

Le désherbage du sorgho pourrait quant à lui se compliquer avec le retrait du S-métolachlore. « La gestion des graminées va entièrement se reporter sur le DMTA-P, ce qui risque d’augmenter la concentration de ses résidus dans l’eau et ainsi conduire, peut-être un jour, à son retrait, craint-il. Ces interdictions font partie des injonctions contraires à la volonté de développer les surfaces. »

David ne cultive que du sorgho roux, mais pourrait introduire de petites surfaces de blanc pour produire une farine plus blanche : depuis 2019, il transforme certains grains en farine et huile pour plus de valeur ajoutée. Les surfaces de sorgho qui y sont affectées sont toutefois anecdotiques, ainsi la quasi-totalité de la production est vendue à la coopérative.

(1) Agriculture de conservation des sols.