Deux cultures à la suite sur la même parcelle de 7 hectares, c’est le choix d’Aurore et Stéphane Lorget, installés à Latilly dans l’Aisne, pour sécuriser les stocks fourragers de leurs 90 charolaises. Le méteil puis le sorgho multicoupe récoltés exclusivement en enrubannage représentent 120 tonnes de matière sèche (t de MS). Ce stock s’ajoute aux trois coupes de luzerne récoltées sur 15 hectares (140 tonnes de matière sèche (MS)) et constitue la base des rations des vaches et génisses pendant l’hiver. Méteil et sorgho ont permis de diviser par deux l’approvisionnement en pulpes surpressées. L’enrubannage de luzerne et de méteil permet, quant à eux, de faire l’impasse sur l’achat de tourteau de colza.
Le méteil est semé à la mi-octobre à raison de 150 kg/ha. Il est constitué d’un mélange intégrant 70 % de triticale, 20 % de pois et 10 % de vesce. 350 kg de 24-30 sont apportés à la mi-février. La récolte a lieu à la mi-mai à raison d’environ 9 t de MS/ha. Les valeurs alimentaires moyennes de ce type de fourrage affichent environ 19 à 20 % de MAT, pour 120 à 140 g de PDI et 0,8 UFL par kg de MS.
Le sorgho multicoupe piper est semé dans la foulée aux alentours du 25 mai à raison de 27 kg par ha, après un passage d’outil à dents. « Le démarrage du sorgho dépend de la température ambiante, observe Stéphane. En 2024, il était lent à cause du mauvais temps, mais dès que la météo s’est radoucie, sa croissance explose. Nous enrubannons une première coupe à la fin de juillet. Le rendement avoisine 6 ou 7 t de MS. Une deuxième coupe est ensuite réalisée en septembre, sachant qu’un apport de 600 kg d’azote à l'hectare a été réalisé entre-temps. 4 à 5 t de MS sont alors récoltées.
Sorgho enrubanné en libre-service
La valeur alimentaire du sorgho multicoupe est modeste. « Il complémente la ration des génisses composée principalement d’enrubannage de luzerne et de pulpes surpressées, indique Christian Guibier, conseiller en bovins à viande à la chambre d’agriculture de l’Aisne. Si la qualité de la luzerne est au rendez-vous, aucun apport de tourteau de colza n’est nécessaire. Chaque génisse de 10 à 14 mois reçoit par exemple chaque jour, 6 kg brut d’enrubannage de luzerne et 5 kg brut de pulpes surpressées. Les deux aliments sont distribués à l’auge, tandis que l’enrubannage de sorgho est mis à disposition dans un râtelier. « Le mieux est d’alterner la première et la deuxième coupe de sorgho lors de l’approvisionnement du râtelier », conseille Christian Guibier.
L’enrubannage de méteil est, quant à lui, réservé aux vaches. Au moment de la reproduction par exemple, les femelles suitées en reçoivent 15 kg brut avec 10 kg brut de pulpes surpressées. Elles disposent également d’enrubannage de luzerne à volonté dans un râtelier.
Méteil, sorgho et luzerne ont enregistré des rendements assez réguliers au cours des quatre dernières années. Le méteil pousse en dehors des périodes de sécheresse et la luzerne et le sorgho résistent assez bien au manque d’eau. « Ces cultures sécurisent nos stocks alors que nous avons de moins en moins accès aux pulpes de betteraves surpressées, souligne Stéphane. Nous vendons par ailleurs une partie de nos vaches en caissette et l’autonomie est un critère apprécié par nos clients. »