Avec des besoins compris entre 400 et 500 mm, le sorgho fait partie des plantes cultivées les moins exigeantes en eau, et est reconnu pour sa résilience face au stress hydrique. « Sa capacité à rester vert longtemps jusqu’à la récolte (le caractère “stay green”) serait une des raisons expliquant cette résilience », indique Aude Carrera, responsable des activités sorgho chez Arvalis. « Mais qui dit résilience ne dit pas qu’on peut le faire partout », nuance la spécialiste. En effet, pour conduire du sorgho en sec, il faut une réserve utile suffisante. Dans les situations irriguées, minoritaires en France, le sorgho valorise bien les apports d’eau sur un volume et un nombre de tours d’eau limité, souvent de trois maximum.
Un autre avantage de la plante réside dans ses besoins modérés en éléments fertilisants, grâce notamment à son système racinaire développé capable d’aller les chercher en profondeur. Ces besoins ne sont pas à omettre pour autant : « Pour l’azote, ils sont de 2 à 3 kg N/q selon le potentiel, précise Aude Carrera. Cela dit, comme il produit beaucoup de biomasse, une partie de cet azote (40 %) est restituée au sol à la récolte. Enfin, même si nous avons encore peu d’essais pour le démontrer, il semblerait qu’il apprécie une petite dose de phosphore au démarrage. »
Bien choisir sa variété
Son installation requiert une attention particulière : la graine étant petite, elle a besoin d’un bon contact avec le sol pour démarrer. Le sorgho est aussi plus sensible au froid et a besoin d’un minimum de 12 °C pour lever. « Le calage du cycle est un élément vraiment important en sorgho grain, appuie Aude Carrera. Autant, en zone méridionale, on a un peu de flexibilité, autant en zone septentrionale, il ne faut pas rater le créneau de semis. » Elle précise : « Entre le 1er et le 15 mai, il n’y a généralement pas de problème mais, plus tard, on risque d’être juste les années froides, avec des variétés précoces qui ne seront pas mûres à temps. »
Le choix variétal est donc un critère important à prendre en compte, avec une orientation vers des variétés précoces à très précoces dans le secteur septentrional, où l’offre climatique est plus réduite. En secteur méridional, il est possible d’opter pour des variétés plus tardives, au potentiel de rendement plus élevé si les bonnes conditions de culture sont réunies. Aujourd’hui, quatorze variétés sont inscrites en zone septentrionale, vingt-quatre en méridionale, mais l’offre disponible chez les distributeurs est souvent beaucoup plus limitée en raison de la taille du marché.
Vigilance sur le désherbage
En termes de protection phytosanitaire, les interventions se réduisent essentiellement à du désherbage. « Selon le contexte pédoclimatique, la flore présente et les choix de produits, les agriculteurs vont passer en une fois (postlevée précoce) ou en deux fois (prélevée puis rattrapage ou postprécoce puis rattrapage) », précise Aude Carrera. Le sorgho se prête également bien au désherbage mécanique, où tous les outils peuvent être utilisés. « L’efficacité du binage est intéressante par rapport à ce qu’on peut en attendre », complète la spécialiste.
La maîtrise des adventices en début de cycle peut être délicate, d’autant que la gamme de solutions chimiques disponibles est plus réduite que pour le maïs. La fin actée du S- métolachlore va également peser sur l’efficacité des traitements en prélevée. « C’était la première fois qu’on avait une solution efficace contre les graminées estivales en prélevée. Dans le sud en particulier, c’était une grande avancée pour le sorgho », observe Aude Carrera.
Les agriculteurs devront dorénavant choisir des solutions de prélevée moins efficaces, avec une action antigraminées inférieure. Ils pourront aussi adopter la post-levée précoce, dont l’efficacité reste variable en fonction du stade des adventices. « Ces options sont beaucoup moins sécurisées », estime l’ingénieure d’Arvalis.