Où en est le plan d’urgence pour les grandes cultures ?

Nous avons débloqué le dégrèvement de la taxe foncière sur le non-bâti, l’avance des aides Pac, ainsi qu’une enveloppe de la MSA pour accompagner les contextes les plus difficiles. Les assurances récoltes ont été réglées pour ceux qui les avaient souscrites. Cependant, aujourd’hui, leplan d’urgence est au point mort. Nous ignorons si le gouvernement accordera le déblocage du fonds d’allègement des charges. La réponse a aussi été des fonds via le plan de relance, dont les agriculteurs se sont saisis pour renouveler le matériel.

 

Nous demeurons attentifs à la situation des céréaliers, qui reste tendue : un sur deux aura un revenu négatif cette année. Nous avons eu huit années compliquées, renforcées avec 2020.

Quelles orientations souhaitez-vous pour le plan stratégique national (PSN) ?

Les deux dernières réformes de la Pac ont mené à un revenu du secteur céréalier faible. Nous voulons aller chercher de la valeur ajoutée dans nos entreprises agricoles sans distorsion de concurrence avec les autres pays européens. Pour cela, il faut un premier pilier fort, avec une équivalence de soutien, notamment au niveau des droits à paiement de base (DPB), pour pouvoir jouer à armes égales. Il existe par exemple un différentiel notable de soutien entre un céréalier français et allemand de l’ordre de 100 €/ha.

 

Un autre aspect important du premier pilier est l’écorégime : l’Europe demande des mesures supplémentaires sur de nombreux éléments (biodiversité, réchauffement climatique, phytos, engrais, numérique…). Il nous semble qu’en France, la certification environnementale de niveau 2 répond à ces exigences européennes et serait le moyen le plus cohérent d’y accéder et d’emmener le plus grand nombre d’agriculteurs. Rappelons que c’est une obligation de moyen et non de résultat.

 

Nous souhaitons également être accompagnés par le deuxième pilier de la Pac, où le secteur céréalier a été évincé des mesures d’investissement dans le cadre de la transition agroécologique. Nous avons besoin de ces aides pour transformer nos exploitations, changer nos pratiques et nos équipements et répondre aux attentes sociétales.

 

Enfin, nous demandons une meilleure prise en charge des aléas climatiques en accédant à l’assurance récolte « omnibus », qui abaisse la franchise à 20 %.

Quelle est la feuille de route de l’AGPB ?

Un premier axe est la biodiversité : un certain nombre de pra­tiques agricoles qui la favorise se développent et doivent être valorisées. Nous avons par exemple publié avec l’Office français de la biodiversité (OFB) un guide de recommandations adapté aux producteurs de grandes cultures.

 

Le deuxième axe concerne la captation du carbone. Nous avons déposé en décembre la méthodologie de calcul du label bas carbone en grandes cultures, qui devrait être homologuée dans les se­maines à venir. Elle permettra d’accéder au marché du carbone et de rémunérer les bonnes pratiques de l’exploitation.

 

Nous sommes convaincus qu’un avenir meilleur en termes de revenus et de respect de l’environnement passe par la croissance. Des politiques et experts expliquent que la décroissance est la seule solution, avec des surfaces non productives. Mais si nous arrêtons de produire, nous arrêtons la photosynthèse et la captation du carbone. Ce que nous ne produisons plus sur notre territoire devra de toute façon être produit ailleurs. C’est par la recherche que nous arriverons à réduire l’usage des produits phytos, à favoriser la captation du carbone. L’avenir est dans l’innovation et la croissance de l’agriculture.

La campagne de communication « les nouveaux céréaliers » a-t-elle porté ses fruits ?

Nous avons mis en place « les nouveaux céréaliers » pour mieux faire connaître ce que nous savons faire et combattre les clichés. Notre sondage montre que 74 % du grand public a une bonne image des céréaliers. Les jeunes de 18-24 ans ont la meilleure image à 90 %, tandis que les cadres de 30-50 ans ont une bonne image mais à hauteur de 53 %. Nous avons donc ciblé la communication sur cette catégorie, avec notamment l’ouverture de fermes et des témoignages d’agriculteurs. Un deuxième sondage réalisé un an et demi plus tard a montré que 58 % ont une bonne image. Nous sommes contents d’avoir pu améliorer ce résultat. Dans cette même population, 84 % estiment que nous sommes des acteurs majeurs de la souveraineté alimentaire, et 80 % que notre métier est d’intérêt général et incontournable pour notre pays.

 

Vignettes de la campagne de communication « les nouveaux céréaliers ».
Vignettes de la campagne de communication « les nouveaux céréaliers ».

 

Nous sommes convaincus qu’il ne faut pas avoir peur d’ouvrir nos fermes. Nous avons face à nous beaucoup de gens qui ignorent notre métier, n’ont plus de liens familiaux avec l’agriculture et voient les champs depuis leur voiture sans savoir ce qu’il s’y passe.