Avec ses 29,7 millions de tonnes, la récolte française de blé est l’une des pires moissons en 20 ans, après 2016 : c’est la conclusion de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), qu’elle a partagée lors d’une conférence de presse le 8 septembre 2020. Selon Philippe Heusele, secrétaire général de l’AGPB, « plus de 50 % des céréaliers ne dégageront pas de revenu en 2020 ».
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Un revenu moyen de 6 000 € par an sur 8 ans
Il estime que la situation des céréaliers est « très tendue », et ce « depuis 8 ans ». Lorsque l’on fait la moyenne des revenus des céréaliers sur les huit dernières années, « on n’arrive pas à 6 000 € par an, soit une demi-Smic », indique Philippe Heusele. La récolte de 2016 a fortement impacté de nombreuses exploitations, dont certaines « se remettaient tout juste ».
Face à une « filière en détresse », l’AGPB réitère ses demandes de mise en place d’un plan d’urgence, dont les mesures ont été présentées à Julien Denormandie à la fin du mois d’août. « Le ministre de l’Agriculture a été très attentif », estime Éric Thirouin, président de l’AGPB. La filière reste dans l’attente de décisions gouvernementales.
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« Rééquilibrer les aides Pac »
Sur le plus long terme, l’AGPB demande un soutien sur les assurances récoltes, la réglementation, les moyens de production, ainsi qu’un rééquilibrage de la Pac.

En effet, l’AGPB regrette des aides Pac qui « décrochent » pour les céréaliers par rapport aux autres secteurs agricoles. « En 2017, les producteurs de céréales, oléagineux et protéagineux (Otex 15) ont reçu en moyenne 33 000 € par exploitation, indique Philippe Heusele. Les aides découplées, souvent mises en avant, sont effectivement importantes [27 000 €, NDLR], mais les céréaliers sont beaucoup moins favorisés sur les autres types d’aides » (paiement redistributif, aides couplées, compensation de handicap géographique, aides agri-environnementales et aides diverses). Depuis 2017, l’AGPB estime que la situation ne s’est pas améliorée, voire a empiré.
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« Lorsque l’on regarde la répartition des aides Pac en France, toutes aides confondues (piliers 1 et 2), on voit que contrairement aux idées reçues, les régions céréalières sont beaucoup moins soutenues à l’hectare que les régions d’élevage », déclare Philippe Heusele.