Chute modérée des prix du blé en France
Sur le marché du blé, le début de la semaine a été marqué par la poursuite de l’impact baissier exercé par le maïs mondial avant une stabilisation à la fin de la semaine. Le maintien de l’euro en dessous du niveau de 1,11 dollar a probablement freiné la baisse en France, et le chargement à Dunkerque de 58 000 tonnes de blé vers la Chine également.
FranceAgrimer a publié cette semaine ses premiers résultats qualitatifs qui viennent confirmer des taux de protéines corrects mais inférieurs à ceux de l’an dernier : 89 % des blés présentent des taux d’au moins 11 % de protéines mais 20 % seulement des échantillons possèdent plus de 12 % de protéines (contre 47 % l’an passé). Les indices de Hagberg sont très bons et les PS également.
Les prix français et ukrainiens dans un mouchoir de poche
L’orientation générale du marché mondial est restée baissière, les différentes origines abandonnant entre 2 et 3 $/t cette semaine, y compris le blé russe avec toutefois une chute plus marquée des blés ukrainiens (–6 $/t) dans un contexte de très bonne récolte dans ce pays. Les blés ukrainiens, qui s’exportent comme blés meuniers de moyenne qualité ou comme blés fourragers, subissent de plein fouet la compétition exercée par le maïs.
Les blés français valaient presque le même prix que leurs homologues ukrainiens la semaine dernière. Mais l’écart entre les deux se creuse de nouveau à la suite d’une chute plus marquée en Ukraine qu’en France. Les blés français perdent en effet 2,5 €/t à Rouen (à 165,5 €/t en base juillet) et 2 $/t sur le marché mondial à 186 $/t Fob Rouen.
Pas loin d’être attractifs, les blés français doivent veiller à ne pas perdre en compétitivité par rapport à leurs concurrents. Outre Atlantique, la récolte des blés de printemps se poursuit mais elle est retardée par les pluies. En Australie, la situation reste sèche et plutôt inquiétante dans l’Ouest.
L’origine roumaine hors jeu pour l’Algérie
À noter aussi cette semaine le constat par la Roumanie que, de nouveau, ses blés ne vont pas lui permettre cette année de servir le marché algérien. Pourquoi ? À cause de la difficulté à assurer, pour ce pays, un taux de grains punaisés (bug damage) inférieur à 0,1 %. Cela est favorable aux blés français, mais la Roumanie n’a jamais exporté de gros tonnages vers l’Algérie.
La grande question du moment reste la compétition entre le blé et le maïs : le blé reste attractif dans les aliments pour animaux mais il pourrait perdre de la demande potentielle s’il laisse les prix du maïs chuter sans suivre le mouvement.
En orge, l’activité soutient les prix fourragers
Les cotations de l’orge fourragère remontent cette semaine à Rouen, tirées par leur bonne compétitivité par rapport aux orges de la mer Noire et l’activité à l’exportation : un bateau de 42 000 tonnes est en train de charger à Rouen à destination de l’Inde, faisant suite à une affaire conclue quand le prix du maïs était très haut en Inde, avant que le gouvernement indien décide d’ouvrir un contingent d’importation de maïs sans taxe.
Cette vente, ainsi qu’un appel d’offres en cours lancé cette semaine par l’Arabie, pour 780 000 tonnes, pour livraison entre octobre et décembre soutiennent les prix.
Sur le créneau brassicole, les prix abandonnent encore 1 €/t, à 159 €/t pour les orges d’hiver et 167 €/t pour les orges de printemps en base juillet Fob Creil. C’est la conséquence des bons rendements engrangés, des déboires qualitatifs (protéines trop basses) et de la poursuite de chargements vers la Chine et même vers l’Indre (petit chargement brassicole également à La Pallice).
Le maïs un peu plus bas
La dégringolade a continué cette semaine sur le marché mondial du maïs, mais elle a été moins marquée que la semaine dernière. Les prix ont abandonné 3 $/t en Ukraine, 6 à 7 $/t en Amérique du Sud, mais encore 11 $/t aux États-Unis, toujours sous l’effet de l’estimation élevée de l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture concernant les surfaces plantées.
Un « crop tour » vient d’être effectué récemment dans plusieurs États producteurs des États-Unis. Et ce tour de plaine a mis clairement en évidence une baisse du rendement par rapport à l’an passé, d’une part, et par rapport à l’estimation USDA, d’autre part. Cela est venu limiter la baisse des prix en fin de semaine, comme l’ont fait également des ventes hebdomadaires de maïs américains supérieures aux attentes. Dans ce contexte, les prix français ont chuté de 2,5 €/t à Bordeaux, à 166 €/t, pour la nouvelle récolte sur octobre.
Le soja presque stable, la récolte américaine à suivre
Les prix de soja ont connu des hauts et des bas depuis la semaine dernière. Les perspectives de la récolte américaine ont été l’élément clef de l’évolution des cours. Les pluies enregistrées le week-end dernier dans les zones les plus sèches du Midwest ont redonné de l’espoir aux opérateurs.
Le prix du soja à Chicago a ainsi perdu 13 $/t en une journée. Cet optimisme n’a pas duré. Les cours ont ensuite trouvé du soutien avec la publication du rapport d’avancement sur les cultures par l’USDA, qui indiquait une baisse inattendue de la qualité des récoltes. En outre, les résultats du ProFarmer Tour sur l’état des cultures montrent un potentiel de rendement inférieur à celui prévu par l’USDA dans son dernier rapport mensuel, et en net repli par rapport à la campagne précédente.
Du côté de la demande, les exportations hebdomadaires des États-Unis sont estimées à 1,16 million de tonnes pour la semaine se terminant le 15 août. C’est supérieur aux attentes du marché, mais loin d’absorber le surplus du bilan américain. Par ailleurs, le conflit commercial opposant la Chine aux États-Unis continue de peser sur les prix.
Les achats chinois de soja américain ont fortement reculé depuis que Pékin a imposé des taxes douanières sur le soja et d’autres produits agricoles venant des États-Unis. D’autre part, la demande chinoise a fortement reculé en raison de la peste porcine africaine réduisant considérablement son effectif porcin.
Somme toute, le prix de soja a peu évolué à Chicago par rapport à la semaine dernière. Il recule légèrement de 0,7 $/t à 314,5 $/t sur l’échéance de septembre à 319 $/t pour les contrats de novembre. À l’inverse, les cours du soja sud-américain se sont raffermis face aux inquiétudes liées à la sécheresse au Brésil ainsi que face à une demande chinoise dynamique durant la semaine.
Le tourteau de soja est en petite hausse de 2 $/t, à 324 $/t, à Chicago dans le sillage de l’origine sud-américaine. En France, le tourteau de soja recule de 1 €/t, à 322 €/t, à Montoir alors que le pois cède 2 €/t, à 184 €/t, départ Marne, baisses nécessaires pour gagner en compétitivité face aux céréales fourragères peu chères.
Nouvelle hausse du colza
Les prix du colza ont de nouveau progressé sur le marché physique français. Ils gagnent 2,5 €/t, à 373,5 €/t, à Rouen et 5 €/t, à 382 €/t. Sur Euronext, le prix est en petite hausse de 0,25 €/t, à 379,25 €/t. Cette tendance haussière est due aux très mauvais résultats de la récolte européenne.
Les cultures de colza ont souffert d’une chaleur et d’un déficit hydrique importants ainsi que des attaques des ravageurs pendant le cycle de développement. Les rendements ont été fortement impactés et la production a chuté à des niveaux très bas notamment en France et en Allemagne. La qualité des graines et leurs teneurs en huile pourraient également baisser.
Le bilan d’huile de colza apparaît donc tendu d’autant plus que la demande, notamment pour le biodiesel avec la chute des importations de biodiesel indonésien, devrait rester soutenue. Au Canada, le prix du canola gagne 2 $/t, à 341 $/t, soutenu par la progression des cours d’huile de palme et du pétrole ainsi que les perspectives d’une demande européenne dynamique.
Le prix du tournesol en petite baisse
Le prix du tournesol est en baisse de 2,5 €/t, à 327,5 €/t, à Saint-Nazaire. La récolte française est attendue à 1,4 Mt, en hausse de 11 % sur une année avec notamment une hausse de la surface cultivée. En mer Noire, les moissons ont débuté. Dans l’ensemble, les rendements sont attendus proches de la campagne précédente grâce aux conditions climatiques favorables durant les phases déterminantes du développement des cultures. Le prix Fob mer noire est stable sur une semaine, à 370 $/t, en raison de la faible activité à l’exportation.
À suivre : récolte américaine de soja et de maïs, compétitivité entre blés français et de la mer Noire, récolte de tournesol en Europe et en mer Noire, conflit sino-américain, évolution des cours d’huile de palme et du pétrole.