« Les cours des jeunes bovins (JB) ont gagné trois à quatre centimes sur les dernières semaines alors que nous espérions plutôt le triple », rapporte Emmanuel Bernard, président de la section bovins d’Interbev, à La France Agricole le 15 février 2021. Il faut dire que le commerce des mâles est redevenu fluide et, qu’à l’échelle nationale, le surstock d’animaux en ferme appartient au passé.
« Les filières et les circuits de vente se sont adaptés face aux contraintes sanitaires. La remontée des prix constatée en Allemagne, en Pologne ou en Irlande l’illustre bien », poursuit Emmanuel Bernard, qui regrette qu’une telle dynamique ne soit pas enclenchée sur le marché français. « Dans le cas spécifique de l’Irlande, la cotation du JB a gagné 15 centimes entre le début et la fin du mois de décembre 2020, et cela malgré toutes les incertitudes qui règnent », complète Matthieu Repplinger, animateur de la section bovins d’Interbev.
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Les abattages sont en avance sur les prévisions
L’interprofession du bétail et des viandes (Interbev) et l’Institut de l’Élevage (Idele) ont travaillé de concert pour anticiper au mieux les sorties des JB en 2021. « Même en tablant sur les hypothèses les plus pessimistes, l’offre devrait être à peu près égale aux sorties et, à partir de juin, la demande pourrait même se montrer excédentaire », indique Matthieu Repplinger.
Pour l’heure, les sorties de JB sur les premières semaines de l’année se révèlent légèrement supérieures à ce qu’indique la modélisation des prévisions de sorties développée par l’Idele, « ce qui se traduit par un rythme de prélèvement dynamique des mâles en ferme par rapport au schéma habituel », analyse l’institut technique dans sa tendance de marché publiée le 16 février 2021.

Le nombre de JB de type viande abattus entre les semaines 2 et 5 a progressé de 2 % par rapport à 2020. « Ces JB étaient en moyenne âgés de 19 mois et 18 jours, soit à un jour près le même âge qu’en janvier 2020, signe que le marché est redevenu fluide », poursuit l’Idele.
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Pour autant, « la fluidité des échanges ne se répercute pas sur les prix », constate Emmanuel Bernard. Sur la première semaine de février, la cotation du JB U affiche 3,85 €/kg, soit une baisse de 5 % par rapport à 2020 et de 4 % au regard de 2019. La cotation du JB R s’établit à 3,68 €/kg (-5 %/2020 et -4 %/2019) et celle du JB O, à 3,26 €/kg (–3% /2020 et -4 %/2019).
Établir un cadre sécurisant pour les éleveurs et les acheteurs
Alors que le marché montre des signaux favorables, « il faut à présent redonner de la confiance à un système de production qui fait face depuis plusieurs années à des aléas de marchés et à des coûts de production non couverts », reprend Emmanuel Bernard, qui rappelle que 49 % de la production intérieure de JB est consommée en France.
« Pour parvenir à une régularité du produit, le producteur doit bénéficier de garanties de prix, par l’intermédiaire d’un contrat. Les industriels français ont aujourd’hui le devoir de ne pas brader le produit et d’aller chercher des marchés porteurs », martèle le président d’Interbev Bovins, faisant référence notamment au marché allemand en manque d’offre.
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