« Faire en sorte que l’agriculture soit un secteur d’avenir, source de solutions pour des jeunes ». Voilà l’objectif de la FNSEA lors de la conférence sociale sur les bas salaires qui s’est tenue lundi le 16 octobre 2023. À l’initiative de la Première ministre, Élisabeth Borne, la conférence sociale a réuni l’État, sept organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa et Solidaires) et patronales (Medef, U2P, CPME, FNSEA, Fesac et Udes).
L’occasion pour la FNSEA d’évoquer les questions de recrutement. Chaque année, ce sont 70 000 postes qui ne trouvent pas de candidats dans le secteur agricole, soit « 14 % des emplois proposés ! », estime Jérôme Volle. La faute à un manque de visibilité auprès des professionnels de l’emploi, alors que le secteur de l'agricutlure dispose de plateformes de recrutement spécifiques, en dehors des circuits généraux de recherche d’emploi selon lui.
Métier en tension
Cette marginalisation empêche « d’être reconnu métier en tension au niveau national », avance le vice-président de la FNSEA, une demande qu’a réitéré le syndicat, au même titre que le BTP et l’hôtellerie. Ces derniers pourraient, si le projet de loi sur l’immigration est adopté, régulariser des étrangers travaillant clandestinement dans ces secteurs pour trouver plus de main-d’œuvre. « L’appel a été, je crois, entendu par la Première ministre et le ministre du Travail, Olivier Dussopt, mais il faut pouvoir le confirmer », espère Jérôme Volle.
Autre revendication, la FNSEA a défendu sa volonté de ne pas être mise de côté dans les réflexions sur les évolutions nationales des métiers en pointant tout de même la particularité du secteur. « Nos métiers, ce sont les saisons avant tout », souligne Jérôme Volle. Pas question donc de « condamner le secteur » en touchant aux CDD et emplois saisonniers, nécessaires dans des professions qui font face à de véritables pics d’activités au cours de l’année.
Il faut pouvoir « être en capacité d’avoir des contrats OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration, ndlr) avec des travailleurs étrangers, des contrats encadrés et accompagnés de logements décents », indique le vice-président de la FNSEA.
Féminisation du métier
Lors de la conférence sociale, le gouvernement a réitéré son refus de supprimer les exonérations sociales sur les bas salaires. De son côté, la FNSEA a défendu le TO-DE « sans trop le clamer pour éviter qu’il ne soit remis en cause ». Ces exonérations patronales pour l’emploi de travailleurs occasionnels agricoles ont été prolongées jusqu’en 2025. Elles sont dans le viseur du groupe LFI-Nupes qui a déposé un amendement au projet de loi de finances visant à le supprimer au motif d’un coût trop élevé pour l’État et d’un recours venant surtout des filières « à haute intensité de main-d’œuvre ».
Enfin, le gouvernement envisage de créer un nouvel index de l’égalité professionnelle pour lutter contre les inégalités salariales entre hommes et femmes. Mais pour la FNSEA, la question centrale pour le secteur n’est pas l’égalité mais bien la féminisation des métiers agricoles : « Comment les rend-on accessibles ? Comment sommes-nous capables d’accueillir les femmes ? », interroge Jérôme Volle. En France, les femmes représentaient un quart des chefs d’exploitation en 2022, selon la MSA.