Comment adapter la réglementation sur la biosécurité aux élevages plein air avicoles et porcins ? Face aux défis posés par les épizooties et les exigences réglementaires, une expérimentation nationale a tenté d’apporter une réponse scientifique dont les résultats ont été présentés ce mardi 4 novembre 2025.

Cette étude a été pilotée par la Fédération association pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear), en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, l’Anses, GDS France, la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), l’Institut du porc (Ifip), l’institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (Itavi), l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab), la Confédération paysanne et le Modef.

Des grilles pour prévenir les risques

L’expérimentation a permis de tester deux grilles d’analyse des risques sanitaires (porc et volaille) dans 144 élevages (52 porcins, 92 volailles). L’objectif : « évaluer finement et prioritairement les risques d’introduction, de diffusion et de propagation de certains pathogènes d’intérêt en santé animale ou publique », indique le rapport du Fadear.

Contrairement aux attentes, les points critiques ne concernent pas uniquement la faune sauvage, mais aussi « la circulation des véhicules » et « la fréquentation de la zone d’élevage par des animaux domestiques ».

En porc, les axes d’amélioration dans la maîtrise des risques portent sur la circulation des porcs, la gestion des cadavres et la maîtrise des risques d’introduction de pathogènes en zone d’élevage via le personnel. En volaille, les efforts doivent cibler « les risques d’introduction via les insectes, les rongeurs, l’aliment, la litière et les effluents ».

Selon le rapport, la majorité des fermes porcines et avicoles affichent « un degré de maîtrise satisfaisant ou élevé », et ce malgré une exposition élevée. Les résultats montrent donc que « le niveau de risque n’est pas corrélé au niveau de maîtrise », révélant la diversité des contextes et l’intérêt d’intégrer une approche fondée sur l’analyse de risque dans la réglementation.

Des recommandations générales et spécifiques

Cette expérimentation a également conduit à l’élaboration de plusieurs recommandations générales comme déployer et suivre les grilles d’analyse sur le terrain, faire reconnaître ces grilles comme des « outils professionnels de référence » pour la biosécurité et les prendre en compte dans les dispositifs réglementaires, ou encore poursuivre les travaux sur la flore bactérienne et le vide sanitaire prolongé en alternative à la désinfection.

Par ailleurs des recommandations spécifiques ont été émises :

  • En volailles plein air : renforcer la surveillance de l’avifaune, approfondir l’évaluation du compostage des cadavres à la ferme et objectiver l’efficacité de la mise à l’abri des volailles lors des épisodes de grippe aviaire.
  • En porcs plein air : « mieux caractériser le risque lié aux sangliers », évaluer les dispositifs de clôture existants, expérimenter des alternatives de prévention et de maîtrise du risque sanglier, objectiver les atouts des systèmes plein air en situation de crise liée à la peste porcine africaine et poursuivre les travaux sur le zonage.

Une approche défendue par la Confédération paysanne

Partenaire de cette expérimentation, la Confédération paysanne appelle à généraliser l’analyse des risques sanitaires à l’échelle de l’élevage, une approche qu’elle « défend de longue date », souligne-t-elle dans un communiqué du 4 novembre. Le syndicat demande à l’administration de reprendre les outils développés pour permettre à chaque élevage « d’adapter ses mesures de biosécurité au niveau de risque auquel son élevage est effectivement exposé ».

Et d’ajouter : « en attendant, les grilles d’analyse des risques sanitaires doivent devenir notre véritable boussole en matière de réglementation sanitaire », afin de redonner de la marge de manœuvre aux élevages en plein air tout en garantissant « un niveau de gestion des risques satisfaisant ».