Alors que la récolte du maïs se poursuit en France, à un rythme proche de la normale, l’AGPM, l’Association générale des producteurs de maïs, fait état d’un bilan de campagne pour 2025 « très difficile », d’un point de vue conjoncturel et climatique. « La plante maïs a tout de même fait la preuve de sa performance puisque nous ne sommes pas loin des moyennes de rendement pour cette campagne », a souligné son président Franck Laborde, le 14 octobre 2025 en conférence de presse.

Néanmoins, le maïsiculteur des Pyrénées-Atlantiques est très inquiet pour la filière. « Les conditions globales mettent les producteurs […] dans une situation de risque particulièrement alarmante. Nous faisons face à un triptyque qui, s’il continue, pourrait être mortifère. » Ces trois « préoccupations » majeures pour l’AGPM sont le prix, la production et la protection.

Trop plein de contraintes

Première préoccupation : la dégringolade des prix du maïs. Les cours « s’effondrent depuis quelques mois », résultat de récoltes abondantes outre Atlantique et même record aux États-Unis. Or les coûts de production des maïsiculteurs français ne cessent d’augmenter depuis quatre ans, pour s’établir aujourd’hui au-dessus des 200 €/t. « Pour la troisième année consécutive, le résultat courant avant impôt des céréaliers est de –14 000 €, s’alarme Franck Laborde. Les agriculteurs ne peuvent ni vivre de leur métier ni investir. »

À cette dégradation des prix s’ajoutent des contraintes de production « intenables ». Les normes françaises vont « toujours plus loin que la réglementation internationale et très souvent plus loin que la réglementation européenne », affirme Franck Laborde. Selon lui, les écarts de performance entre la France et les États-Unis ou encore le Brésil, s’expliquent en grande partie par l’accès aux moyens de production, tels que les produits phytosanitaires et les variétés issues des nouvelles techniques génomiques (NBT).

Enfin, l’AGPM dénonce « la concurrence déloyale » que l'Union européenne, importatrice de maïs à hauteur de 25 % de ses besoins, laisse s'exercer sur ses agriculteurs. Cette position, le syndicat la défend depuis plusieurs années, mais est ravivée par l’actualité du Mercosur. L’AGPM s’oppose « fermement » à cet accord commercial et ses 3,5 millions de tonnes de maïs importés (1).

Franck Laborde est le président de l'AGPM. (© Charlotte Salmon / GFA)

« Renouer » avec la production

Face à cette « situation critique », l’AGPM exige des réponses et des mesures, à plus ou moins long terme. À court terme, elle souhaite l’activation de la réserve de crise de l’Union européenne, pour « compenser les éléments conjoncturels défavorables » aux producteurs. Mais la France « tarde » à faire la demande, soulève Franck Laborde. « C’est maintenant que ça doit se faire et nous le demandons avec insistance ». Sur le même pas de temps, l’AGPM exige un statu quo sur la fiscalité : carburant, main-d’œuvre ou encore redevances sur l’eau.

À plus long terme, l’AGPM espère que « cohérence » et « réciprocité » seront les maîtres mots de la stratégie agricole européenne, à commencer par un « budget adapté » pour la Pac. « Il nous faut renouer avec l’ambition de produire, insiste Franck Laborde. Les agriculteurs doivent pouvoir, selon leur contexte pédoclimatique et leur ambition pour leur exploitation, faire le choix de la plante maïs. Nous en avons assez d’entendre ici et là que produire du maïs n’est pas vertueux. […] Il nous faut sortir de cette spirale négative. »

(1) Maïs grain et équivalent : éthanol, drêches, volailles…