Exception faite de la filière avicole, « l’élevage retrouve des couleurs sur le plan économique », s’est félicité le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors d’une conférence de presse au Sommet de l’élevage, le 8 octobre 2025. Les prix de la viande et du lait sont aujourd’hui mieux orientés, offrant un répit à la trésorerie des producteurs.

Pour la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, cette amélioration des prix doit « s’ancrer durablement » et ne pas rester un simple phénomène temporaire. Au-delà des indicateurs conjoncturels, c’est la question des perspectives à long terme qui préoccupe : quel avenir offrir aux jeunes qui souhaitent s’installer en élevage ?

Besoin d’un cap politique

« Ce qui compte, c’est la vision qu’on porte pour l’agriculture », a martelé Arnaud Rousseau. Or, cette vision fait, selon lui, défaut dans le contexte actuel d’instabilité politique. Au moment de sa prise de parole, la France traverse une crise politique, et n’a pas de gouvernement. Le président de la FNSEA a souligné qu’il s’agit du cinquième Premier ministre à quitter ses fonctions depuis sa prise de poste il y a deux ans et demi, une « nébuleuse politique » qui interroge les agriculteurs.

Pour Arnaud Rousseau, « la France doit peser en Europe » pour offrir aux futurs installés « un avenir plus serein que celui des dix dernières années, qui ont été marquées par des revenus trop faibles ». Le responsable syndical souligne également le rôle crucial des collectivités et des Régions, malgré leurs moyens parfois limités et les contraintes de gestion des fonds européens et nationaux.

Structurer les filières

Les éleveurs reconnaissent aussi avoir leur part de travail. « C’est le moment de se poser la question de la structuration des filières », a déclaré Arnaud Rousseau, afin de redonner valeur et compétitivité à la production. Le secrétaire général de Jeunes agriculteurs (JA), Quentin Le Guillous, évoque une réflexion approfondie, filière par filière et département par département : identifier ce qui manque, accompagner les sorties de production dans les secteurs non viables, développer de nouvelles zones de production là où ce serait pertinent.

L’adaptation au changement climatique figure également parmi les priorités, notamment pour prévenir les pénuries de fourrages. Ces transformations nécessitent, selon les syndicats, une collaboration étroite entre les filières, le monde agricole, les syndicats et les consommateurs.

Dossiers brûlants

Évidemment, les syndicats ont rappelé que le Sommet de l’élevage se tient cette année sans bovins, en raison de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). À propos de ce dossier sanitaire, ils réclament des exonérations fiscales pour les indemnités versées aux éleveurs contraints d’abattre leur cheptel dans l’intérêt collectif, à condition qu’ils réinvestissent dans un cheptel.

Enfin, ils ont rappelé leur rejet catégorique des distorsions de concurrence, incarnées par l’accord commercial avec le Mercosur. Ils demandent au président Emmanuel Macron une opposition « ferme et définitive », notamment en saisissant la Cour de Justice européenne pour empêcher le processus de ratification.