Neuf Français sur dix estime qu’acheter des produits avec le logo « Produits agricoles de France » permet de soutenir l’agriculture française. Ce score positif est le résultat de dix ans de travail de la part de l’Association des produits agricoles de France, l’Apaf qui a fêté son anniversaire le 6 novembre 2024 dans le cadre cossu du Conseil économique et social (Cese) à Paris.

Cette association réunit aujourd’hui douze organisations professionnelles, des œufs aux fruits et légumes en passant par la viande, le poisson, les pommes de terre et les fleurs (1).

Pourquoi cette « signature », cet hexagone bleu-blanc-rouge, apposé sur les produits bruts dans les supermarchés ? « C’est la conséquence de grandes crises qui avaient mis à mal la confiance des Français », se souvient Arnaud Delacour, président du Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre (GIPT).

En 2014, des interprofessions et organisations professionnelles dont le GIPT, se regroupent dans une démarche collective de labellisation des « produits agricoles de France ». Plus qu’une appellation, c’est bien une « signature » dont se parent les aliments bruts « produits et transformés » en France, se félicitent ses créateurs.

Depuis dix ans, cette signature est devenue largement reconnaissable par les consommateurs : huit personnées interrogées sur dix l’ont déjà vu, présente Jérôme Fourquet, directeur du pôle Opinions de l’Ifop. Parmi un panel représentatif de 1003 personnes, ils citent spontanément la localisation (63 %) et la qualité (21 %) quand on leur demande à quoi renvoie ce logo.

Grande confiance

Trois Français interrogés sur quatre rechercheraient même spécifiquement ces produits souvent ou de temps en temps. « Cela doit être mis en perspective avec un contexte global : la pandémie a produit un changement de perception avec une forte appétence pour les produits locaux, analyse Jérôme Fourquet. Et dans le créneau de la consommation responsable, le produit de nos régions se taille la part du lion par rapport aux produits bio par exemple. »

En effet, neuf personnes sur dix ont confiance dans ce logo bleu-blanc-rouge. Un degré de confiance élevé, qui doit être accompagnée de vigilance de la part des filières, avertit Jérôme Fourquet : « S’il y a un fort degré de confiance, le retour de bâton sera très violent » en cas de scandale sanitaire par exemple.

Que pensent les 10 % qui n’ont pas confiance dans la signature ? Un tiers de ces répondants mécontents estiment avoir des interrogations sur la valeur du logo, 15 % des doutes sur le processus de transformation et autant sur la vérification et les contrôles. 10 % estiment même que ce logo est uniquement du marketing et n’aurait aucune valeur.

De manière générale, quelques améliorations restent à apporter. Sur la compréhension du cahier des charges spécifique au logo d’abord, puisque la moitié des sondés estiment que ce logo est « un logo marketing que toutes les marques peuvent utiliser ». Et autant trouve que le logo hexagonal n’apporte rien de plus par rapport à des logos similaires (« origine France », drapeau bleu blanc rouge, carte de France…).

Pourtant ce logo oblige la production et la transformation sur le territoire français des aliments bruts, et la naissance, l’élevage et l’abattage en France pour les animaux.

Ensuite, plus d’un répondant sur dix estime qu’il serait davantage incité à acheter un produit avec la signature, à prix équivalent. Les représentants des filières présents ce 6 novembre au Cese, admettent qu’il faut « faire un gros travail de pédagogie, assure Arnaud Delacour, Il faut qu’on change de comportement pour que le consommateur ait un réflexe d’achat [vers les produits avec la signature]. »

Manque d’informations

Huit consommateurs sur dix demandent en réalité à être plus informés sur cette signature. « Les attentes des consommateurs sont très fortes en matière d’information, il faut travailler à ce qu’il y ait une amélioration de l’affichage » appelle de ses vœux Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que choisir, qui plaide pour le respect des normes sur les appellations environnementales.

Quant aux craintes des organisations professionnelles de la disparition de la signature bleu-blanc-rouge face à l’Origin’Info gouvernemental, la présidente est formelle : « il n’y a pas de problème de coexistence, ce qui compte c’est la qualité des mentions ».

Origin’Info est le logo que le gouvernement veut faire apposer sur les produits alimentaires transformés. Elle doit indiquer clairement aux consommateurs de quels pays proviennent les principaux composants des plats vendus dans les surfaces commerciales.

(1) L’Anifelt, l’APVF, la Cipa, le Clipp, le CNIPT, le CNPO, le GIPT, Inaporc, Interbev, Interfel et Valhor