« La filière cherche des solutions pour produire des carcasses homogènes, fournissant de petites portions de viande tendre, destinées à la restauration et aux fonds de rayon des grandes surfaces, explique Emmanuelle Dupont, la directrice d’Interbev Bretagne. En parallèle, le potentiel de veaux croisés est important dans le Grand Ouest, du fait de la taille du cheptel laitier et du développement du sexage. » Interbev Bretagne a donc chargé la station expérimentale du Mauron de tester la faisabilité technico-économique et le potentiel de valorisation de carcasses de 300 kg, provenant d’animaux de quinze mois, issus du croisement entre prim’holsteins et races à viande précoces : limousine, angus et hereford.

Après deux essais de calibrage, le troisième volet de l’expérimentation porte sur soixante-six veaux, répartis en cinq lots : mâles et femelles croisés angus et herefords et mâles croisés limousins. Entre le sevrage et l’âge de six mois et demi, les animaux reçoivent de l’ensilage de maïs à volonté et 2,5 kg de concentrés par jour. En phase de finition, une ration mélangée est également distribuée à volonté. Elle se compose de 50 % de matière sèche de maïs ensilé, 17 % d’herbe ensilée, 18 % de tourteau de colza, 10 % de blé, 4 % de paille et de 1 % de CMV. Les animaux sont abattus lorsqu’ils atteignent un poids carcasse estimé de 300 kg.

Carcasses homogènes

« La pratique du croisement et les âges à l’abattage relativement similaires permettent d’obtenir des carcasses homogènes », constate Daniel Le Pichon, le responsable de la station de Mauron. Les croisés limousins enregistrent le meilleur rendement carcasse (54,1 %) et un GMQ entre le sevrage et l’abattage de 1307 g. Abattus à 14,8 mois, ces animaux pèsent 315 kgc. Les autres catégories ont été abattues un mois plus tard (deux mois pour les femelles croisées angus). Les mâles croisés angus affichent un GMQ et un rendement quasi similaires aux ceux des croisés limousins (1301 g et 53,5 %). Les femelles croisées angus marquent le pas, avec un GMQ de 1 171 g et un rendement de 52,1 %. Ces trois catégories ont des conformations similaires (O+/R -). Les croisés herefords sont un peu moins conformés (O=/O+) et enregistrent des rendements plus faibles (51,4 % pour les mâles et 50,1 % pour les femelles). Le GMQ des mâles atteint 1 329 g et celui des femelles 1 268g.

Concernant la note d’engraissement, les croisés limousins sont un peu moins gras (3 =) que les autres. Les herefords tendent à déposer plus de tissus adipeux (4 – pour les mâles et 4 = pour les femelles). Les angus sont en position intermédiaire. « Le niveau de persillé est comparable pour toutes les catégories, rapporte Daniel Le Pichon. La viande de croisés limousins est légèrement plus claire, mais les animaux sont abattus plus jeunes, ce qui est un facteur déterminant à ces âges. »

Les coûts opérationnels (alimentation, paille de litière et frais vétérinaires) ont été évalués pour les bœufs. Ils s’établissent, respectivement, à 1,67, 1,75 et 1,80 €/kg de carcasse pour les croisés limousins, angus et hereford.

Valérie Scarlakens