Vacciner contre l’influenza aviaire sans pénaliser les exportations, telle est l’ambition d’Anvol. L’interprofession de la volaille de chair souhaite d’abord cibler les palmipèdes, espèce « la plus vectrice de diffusion du virus », explique Jean-Michel Schaeffer, son président, à l’occasion d’une conférence de presse ce mercredi 22 février 2023, à Paris. « Entre la contamination d’un canard et les premiers symptômes, il peut se passer une dizaine de jours, pendant lesquels l’animal excrète le virus en grande quantité », poursuit-il.

« Faire fonctionner la diplomatie sanitaire »

Dans la perspective d’une stratégie vaccinale, l’objectif de la filière est d’obtenir l’ensemble des certifications pour le commerce intra- et extra-européen. La récente annonce par la Commission européenne de règles harmonisées pour vacciner contre l’influenza aviaire va dans ce sens. « Il serait incompréhensible que certains États membres de l’Union européenne, importants producteurs de volaille, refusent le cadre pour la vaccination et utilisent cet argument comme un avantage commercial », prévient Anvol.

Il faudra aussi réussir à convaincre les pays tiers. « Nous demandons à cor et à cri la mise en œuvre d’une diplomatie sanitaire. Le risque, c’est que 50 % de nos partenaires en dehors de l’Union européenne ferment leurs portes sur le seul principe de la vaccination », souligne Louis Perrault, président du Syndicat national des accouveurs. « Il s’agit, pour les ambassadeurs de l’État français, d’entrer en contact avec les autorités de ces pays pour connaître leur position vis-à-vis de la vaccination », enchérit Gilles Huttepain, vice-président de la Fédération des industries avicoles.

Coût « faramineux » de la surveillance du virus

Anvol demande également une prise en charge par l’Etat du coût de la vaccination. « Les sommes sont faramineuses, souligne Louis Perrault. Car il s’agit de surveiller et de contrôler. Chaque semaine, des écouvillonnages devront être réalisés sur des animaux pour vérifier la présence d’un virus vaccinal ou sauvage. C’est colossal ». Pour Jean-Michel Schaeffer, « le coût des contrôles et de la surveillance est équivalent à celui du vaccin ».

Au-delà de la vaccination, les professionnels de la filière envisagent à plus long terme de réorganiser la production des volailles de chair en France. « Il s’agit d’être plus résilient, pointe Louis Perrault. Peut-être faudra-t-il envisager de produire dans d’autres régions. Car nous devons maintenir notre potentiel de production pour éviter la recrudescence des importations. »