Quelles sont les pistes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au sein de la filière de la volaille de chair ? Plusieurs représentants ont pris la parole lors de l’assemblée générale de l’interprofession de la volaille de chair (Anvol), le 10 avril 2024 à Angers, pour réfléchir au triple défi suivant : décarbonation, environnement et souveraineté.

Réduire les émissions

« Des leviers pour réduire les émissions existent déjà », affirme Vincent Blazy, responsable du service environnemental à l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), avant d’énumérer les principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre de la filière.

Commençant par l’énergie, en raison « de systèmes d’élevage qui consomment », il ajoute « les émissions directes produites par de la litière, du lisier, du fumier » et les pertes d’azote « liées aux émissions sous forme d’ammoniac ». Plus largement, l’alimentation des volailles participe fortement aux émissions de carbone de la filière.

Vincent Blazy rappelle que la France s’est engagée par sa stratégie nationale bas carbone, à réduire de 46 % les émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture d’ici à 2050 et de 19 % d’ici à 2030, par rapport à 2015. Ce qui entraîne les acteurs de la filière à mettre en place des leviers d’action rapidement.

Des leviers d’action en élevage

« On a commencé par installer des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments », témoigne Jérémy Choquet, éleveur de poulets et de dindes en Bretagne. En parallèle, d’autres leviers sont mis en œuvre, telle que l’installation d’une chaudière à biomasse permettant de « couvrir 97 % des besoins en gaz », la récupération de sous-produits de scieries voisines pour la litière des animaux et la biomasse, ou encore le compost des effluents de l’élevage, ensuite envoyé vers des régions déficitaires en azote.

L’aviculteur estime avoir « réussi à faire des choses assez chouettes en réduction de carbone », lui permettant de mieux maîtriser ses charges et son impact.

Décarboner en aval

Des pistes sont aussi à envisager du côté de l’aval de la filière. Par exemple, Dylan Chevalier, responsable du développement durable du groupe LDC, explique que l’utilisation d’outils d’optimisation tels que des nouveaux capteurs plus précis sur les machines pour les ateliers d’abattage et de découpe ont permis une baisse de 80 % des consommations en gaz.

Autre levier, décarboner les transports au sein de la filière par le choix de biocarburants.

Des pistes pour l’alimentation des volailles

L’alimentation des volailles représente une part non négligeable des émissions de carbone de la filière, soulignent les acteurs de la filière présents. Et d’insister pour poursuivre le travail sur la formulation des aliments, estime Vincent Blazy, dont le soja participe lourdement aux émissions de carbone.

Plusieurs acteurs sont d’ores et déjà engagés contre l’utilisation de soja issu de la déforestation, et pour une meilleure traçabilité de la filière du soja. Pour autant, l’approvisionnement en soja non issu de la déforestation est compliqué à mettre en œuvre, explique-t-il, en raison du manque d’offres.

« Les fabricants doivent continuer à sourcer d’autres protéines et diversifier ainsi les sources, argue Ludovic Michel, directeur général du groupe Michel. Il faut avoir une vision pas à pas. »

Mettre en avant la filière française

En revanche, les acteurs de la filière s’indignent contre les importations de volailles, qui ne se préoccupent pas du soja issu de la déforestation. « De la concurrence déloyale », selon Dylan Chevalier, alors que la filière française fait des efforts importants. « Il est important d’expliquer tout le C02 qu’on évite en proposant un poulet français », conclut-il, afin d’éclairer le choix des consommateurs.