L’Anvol, interprofession de la volaille de chair, lance un cri d’alarme contre des projets d’installation de « gigafermes-usines » de poulets ukrainiens, en Croatie.
La filière fait part de ses inquiétudes dans un communiqué le 22 mai 2024, à l’égard de ces projets qui constituent, selon elle, « un grave danger pour les éleveurs français », risquant d’apporter une concurrence à bas coût sur le marché.
Pour lutter contre les importations massives, les États membres de l’Union européenne ont récemment mis en place une mesure de sauvegarde vis-à-vis des importations de poulets depuis l’Ukraine, les limitant à 137 000 tonnes pour l’année 2024.
Jusqu’à 2 millions de poulets sur un site
À l’origine de ces projets d’installation de « gigapoulaillers » en Croatie : deux groupes industriels ukrainiens, PCC et MHP, un des leaders de la production et de l’exportation de poulets en Ukraine.
Selon l’Anvol, le groupe MHP prévoit ainsi la construction de « 200 poulaillers représentant 8 millions de poulets ». Un même site, composé d’une quarantaine de bâtiments, peut concentrer jusqu’à 2 millions de volailles en Ukraine, avertit la filière.
Ces installations feraient passer la production de la Croatie de 45 millions de poulets par an à 235 millions, alors que ce pays est déjà autosuffisant à 95 % pour la production de poulets. Une augmentation qui correspond à la production de poulets de la Région des Pays de la Loire, précise l’interprofession.
Risque de concurrence
« Ce serait sans nul doute un nouveau déferlement de volailles élevées à l’encontre des attentes des citoyens (élevages de taille familiale, réduction de l’utilisation d’antibiotiques, décarbonation) et de tous les principes prônés par l’Union européenne », affirme l’Anvol.
La filière des volailles de chair s’oppose à ces groupes, qui centralisent toutes les activités dans un même lieu avec des « installations XXL » pour diminuer les coûts de production : fabrication des aliments, couvoirs, abattages puis usines de transformation viennent compléter les installations d’élevage.
Cela engendrerait une concurrence sur le marché national, qui constitue un frein à la souveraineté alimentaire de la France, et menace « le modèle agricole familial de l’Union européenne ».
Appel à ne pas soutenir ce type de projets
À l’approche des élections européennes, la filière française des volailles « demande aux candidats européens de se prononcer clairement contre le soutien financier de l’Union européenne à ce type de projets ».
Par ailleurs, elle souligne que le groupe agro-industriel MHP a déjà reçu « près de 400 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) depuis 2008 », tandis que les projets d’installation ou d’agrandissement des éleveurs en France sont confrontés à d’importantes résistances.