La volaille est désormais la viande la plus consommée en France, une « grande victoire » dont se réjouit l’interprofession de la volaille de chair (Anvol), réunie le 18 février 2025 à Paris.
Toutefois, « la production française de volailles remonte, mais la consommation va plus vite que la production » constate Gilles Huttepain, vice-président de l’Anvol. Si l’interprofession avait déjà fait part de son ambition de construire 400 nouveaux poulaillers en cinq ans pour contrer les importations, elle réaffirme son besoin du soutien des pouvoirs publics et des citoyens pour répondre aux objectifs de souveraineté alimentaire.
La consommation s’envole
Après une hausse de la consommation de 3,6 % en 2023 par rapport à 2022, la consommation de viande de volaille augmente de 9,8 % en 2024. « C’est un bond de 15 % en cinq ans », relève Anvol. « Aujourd’hui, le rapport qualité prix de la volaille satisfait », affirme Patrick Pageard, trésorier de l’interprofession. La consommation de volailles atteint une moyenne de 31,6 kg par Français, dont 24,9 kg uniquement de poulets.
Elle dépasse ainsi la viande de porc, qui trônait sur la première marche du podium des viandes les plus consommées en France. Le poulet reste la première volaille du marché en France et représente près de quatre volailles consommées sur cinq (78,9 %). Suivent la dinde (11,6 %) et le canard (8,2 %), ce dernier ayant progressé de 36 % sur douze mois.
Si la grande distribution reste devant, la part de la consommation de volailles en restauration hors domicile (RHD) ne cesse de gagner du terrain, et atteint 37 % de la consommation en 2024.
Reprise de la production
La production de volailles de chair est particulièrement dynamique en 2024, selon Anvol, qui confirme son redémarrage après la crise d’influenza aviaire. Toutes les espèces affichent une production en hausse : +36,8 % pour le canard, +10,3 % pour le poulet, +8,1 % pour la pintade et +6,7 % pour la dinde. Au global, cela représente une remontée de 12,1 % sur un an. La filière retrouve désormais son niveau de production de l’année 2019, avant les épizooties d’influenza aviaire.
« Le fait marquant, c’est bien sûr le retour du canard, dont une grande partie de la production avait été perdue en conséquence des épizooties successives, indique Patrick Pageard. Il faut saluer l’effort considérable des producteurs, et des abattoirs pour remettre en avant ce produit, avec la collaboration de la distribution ». « Le succès de la vaccination a permis de sécuriser les filières, et ainsi de retrouver la pleine production de la volaille française », souligne Jean-Michel Schaeffer, président de l’interprofession.
Répondre à la demande
Enfin, l’interprofession met en avant « le poulet du quotidien, qui se développe de plus en plus, à la demande du consommateur. Il faut accompagner son développement », souligne-t-elle. À ce jour, les importations de poulets représentent toujours près de la moitié de la consommation en France (48 % en 2024 ; 40 % en 2010).
« Pour répondre à cette croissance de la consommation et aux objectifs de souveraineté alimentaire, la filière vise de construire 400 poulaillers en cinq ans, mais pour y arriver, il faut vraiment un soutien collectif, du consommateur et des pouvoirs publics », explique le président de l’Anvol.
Parmi les sollicitations de la filière : empêcher tous les accords commerciaux avec des règles inadaptées ; imposer des clauses miroirs vis-à-vis des produits importés ; obliger au niveau européen l’indication précise du pays d’origine de la volaille pour le consommateur, notamment sur les produits élaborés. S’adressant toujours à destination des pouvoirs publics, l’Anvol espère une facilitation des conditions de construction des bâtiments d’élevage, incitant la règlementation française à s’aligner sur celle européenne.
Information et communication
« 400 poulaillers, c’est un objectif ambitieux, mais il correspond à environ 20 % de la consommation que l’on pourrait regagner », déclare Jean-Michel Schaeffer. La filière souligne également la nécessité du soutien des citoyens pour l’installation de nouveaux poulaillers avec des opérations de communication et portes ouvertes. Mars 2025 donnera notamment lieu au lancement du mois de la volaille française, avec un programme d’informations et communications.
Dans un objectif de durabilité, l’interprofession a par ailleurs souhaité annoncer le démarrage de sa démarche de responsabilité sociétale, qui sera officiellement lancée au printemps 2026, pour renforcer les bonnes pratiques de la filière. Cette démarche volontaire viendra en relais du pacte Ambition (2020-2025), qui à travers plusieurs engagements, visait à répondre aux attentes sociétales.