Le service de la statistique et la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture informe dans le dernier Agreste Conjoncture Grandes Cultures paru le 11 juillet 2023 que « les pluies de juin ont été bénéfiques aux cultures, occasionnant néanmoins des phénomènes de verse par endroits ».
Les céréales à paille (hors riz) verraient ainsi leur rendement global augmenter de 3,9 % par rapport à 2022, entraînant une hausse similaire de la production, les surfaces étant stables. L’augmentation du rendement concerne aussi bien les blés que les orges, le triticale et les autres céréales à paille. En revanche, elle ne parvient pas à compenser la baisse des surfaces de blé dur, dont la production pourrait fortement diminuer.
73,4 q/ha en blé tendre
En 2023, la production de blé tendre est estimée à 35 millions de tonnes, en hausse de 3,9 % par rapport à 2022 (33,7 millions de tonnes en 2022). Elle augmente dans une moindre mesure, par rapport à la moyenne de 2018-2022 (+1,8 %). Cette production est portée par la hausse conjointe des surfaces (+1,5 % par rapport à 2022) et du rendement (+2,3 %).
Le rendement national de blé tendre est estimé à 73,4 q/ha : ce serait le plus haut niveau depuis 2019 (79,1 q/ha). Dans les Hauts-de-France, en Normandie, Bretagne et Île-de-France, les rendements diminueraient par rapport aux très bons rendements de 2022, en restant néanmoins élevés, tandis qu’ils augmenteraient dans les autres régions. « Dans les Hauts-de-France, qui concentrent 20 % de la production française de blé tendre, le rendement diminuerait de 2,4 % (de 90,7 q/ha en 2022 à 88,5 q/ha en 2023), alors que dans le Centre-Val de Loire, le rendement augmenterait de 3,2 % (de 68 q/ha en 2022 à 70,2 q/ha en 2023) », signale le ministère.
Orges de printemps : baisse de production
La production d’orges serait de 11,9 millions de tonnes, en hausse par rapport à 2022, et de 2,6 % par rapport à la moyenne de 2018-2022. Celle d’orges d’hiver est estimée à 9,2 millions de tonnes, en forte hausse par rapport à 2022 (+8,3 %) et par rapport à la moyenne de 2018-2022 (+13,1 %). Leur rendement serait de 68,8 q/ha, en hausse de 5 % sur un an. Il diminuerait dans les Hauts-de-France (–5,9 %), en Grand-Est (–2,7 %) et en Bretagne (–1,3 %), mais augmenterait partout ailleurs.
La production d’orges de printemps est estimée à 2,8 millions de tonnes, en forte baisse par rapport à 2022 (–6,2 %) et plus encore par rapport à la moyenne de 2018-2022 (–21,5 %). La nette augmentation du rendement par rapport au faible rendement de 2022 (+9,2 %) ne compenserait pas la diminution des surfaces (–14,1 %). Estimé à 56,5 q/ha au niveau national, le rendement de l’orge de printemps serait en hausse dans toutes les régions.
Blé dur, plus faible récolte depuis 2003
En revanche, la production de blé dur, estimée à 1,3 million de tonnes, diminuerait par rapport à 2022 (–3,6 %) et, plus encore, par rapport à la moyenne de 2018-2022 (–14,9 %). Avec la récolte de 2020 (1,3 million de tonnes), le millésime 2023 serait donc le plus faible depuis 2003.
La baisse de la production est liée à celle des surfaces : avec 242 000 ha, elles diminuent à nouveau (–5 % par rapport à 2022 et –14,1 % par rapport à la moyenne de 2018-2022). Il faut remonter à 1995 pour trouver un niveau de surfaces inférieur. Le rendement serait de 54 q/ha, en légère hausse par rapport à 2022 (+1,4 %) et quasi stable par rapport à la moyenne de 2018-2022 (–0,9 %).
« Il est en hausse par rapport à 2022 en Occitanie (+2,3 %) mais en baisse en Centre-Val de Loire (–1,9 %) », estime le SSP. Par rapport à la moyenne de 2018-2022, la production de blé dur diminuerait nettement dans ces deux régions les plus productrices : –18,7 % en Occitanie et –15,8 % dans le Centre-Val de Loire. En Paca, région qui concentre 6 % de la récolte française de blé dur en 2023 contre 13 % en 2003, la production diminuerait de 57 % en 20 ans, en lien avec l’intensification du déficit hydrique.
Record en triticale
La production de triticale approcherait 1,8 million de tonnes, un record depuis la récolte de 2015. Elle augmenterait ainsi de 8 % par rapport à 2022 et de 15,6 % par rapport à la moyenne de 2018-2022. Le rendement, estimé à 51,7 q/ha, serait en hausse de 7,6 % par rapport à 2022. Comme celui du blé tendre, le rendement du triticale diminuerait dans les régions du Nord où il était très élevé en 2022, tandis qu’il augmenterait dans les autres régions, notamment en Nouvelle-Aquitaine (+5 %) et en Auvergne-Rhône-Alpes (+27,9 %).
Hausse pour les oléoprotéagineux
La production de protéagineux est estimée à 0,82 million de tonnes de tonnes, contre 0,74 million de tonnes en 2022, soit 11,6 % de plus qu’en 2022, en lien avec la hausse conjointe des surfaces (+4,1 %) et du rendement (+7,2 %). Le rendement moyen augmente aussi bien pour le pois protéagineux (+7,8 %, à 33,4 q/ha) que pour la féverole (+4,6 %, à 24,2 q/ha). « En Nouvelle-Aquitaine, où la récolte de protéagineux est la plus importante, le rendement augmenterait de 24,3 % par rapport à 2022, entraînant une hausse de la production de 29,9 % », révèle la publication.
Les récoltes de protéagineux avancent (10/08/2023)
Celle de colza serait en hausse pour la troisième campagne consécutive, à 4,6 millions de tonnes (+2,5 % comparativement à 2022 et +18,2 % par rapport à 2018-2022). Malgré une baisse du rendement (34,4 q/ha en 2023 contre 36,8 q/ha en 2022), cette augmentation s’explique par une forte hausse des surfaces. Ces dernières auraient en effet pris 118 000 ha sur un an (+9,6 %). « Sur la majorité du territoire, les rendements seraient moins élevés qu’en 2022 mais nettement supérieurs à la moyenne de 2018-2022 », avise le ministère de l’Agriculture.