500 000 €

C’est le coût par hectare estimé d’opération de réhabilitation d’une friche industrielle.

Alors que la France se fixe pour objectif de diviser par deux le rythme d’artificialisation des terres sur les dix prochaines années par rapport à la décennie précédente, la réhabilitation des friches industrielles est l’une des solutions mise sur la table. Une solution difficile à mettre en œuvre, selon un rapport parlementaire présenté à l’Assemblée nationale, le 27 janvier 2021, que s’est procuré La France Agricole, et qui n’a pas encore été rendu public.

Des coûts de dépollution élevés

L’une des principales raisons concerne l’équilibre économique des projets de réemploi des sites. Les coûts de dépollution pèsent lourd dans la balance. Auditionné dans le cadre du rapport de la mission parlementaire rédigé par les députés de la majorité Stéphanie Kerbarh et Damien Adan, Abdelkrim Bouchelaghem, directeur général de Brownfields Gestion, a bien résumé la situation.

 

« La reconversion des friches, c’est un ensemble de coûts, explique-t-il. Il y a d’abord les coûts de portage, avec du gardiennage, des taxes foncières et des mises en sécurité. Ensuite, viennent la démolition et la dépollution. Il ne faut pas oublier le désamiantage qui est un poste potentiellement plus lourd que la dépollution. »

 

« Les coûts d’aménagement, à leur tour, ne sont pas négligeables, avec des viabilisations et des travaux pour permettre l’accès à la friche, poursuit-il. À cela s’ajoutent des frais financiers et des études. » Au total, le coût global de l’opération revient à 500 000 euros par hectare. Pour des raffineries, le prix total des chantiers peut même s’élever jusqu’à 30 ou 40 millions d’euros.

 

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La nécessité de l’intervention publique

Face à l’importance de ces montants, difficile pour des opérateurs privés de réussir à tabler sur un schéma de réhabilitation viable économiquement. Tout en sachant que « certaines friches prennent trois fois plus de temps à aménager que des terrains à artificialiser », notamment ceux agricoles, selon le rapport.

 

Seuls quelques territoires peuvent assurer une rentabilité à ce type de projets. « Dans un site inséré dans une région dynamique, la conversion en logements ou dans une autre activité permettra sans difficulté de financer les travaux nécessaires, souligne le rapport. Dans un site moins favorisé, l’opération de réhabilitation ne pourra pas se faire aux conditions du marché. »

 

Pour éviter de voir ces dernières friches subsister durant des décennies, les deux députés recommandent le recours à l’intervention publique pour accompagner ces projets. Un fonds de 300 millions d’euros a notamment été prévu par le gouvernement dans le plan de relance pour soutenir la réhabilitation des friches polluées.

« Je connais des friches qui ont plus de soixante ans »

La valeur du foncier renforce également les difficultés. « La valeur du foncier connaît de telles différences entre les métropoles et les zones littorales, d’un côté, et les zones rurales, de l’autre, qu’il est bien plus difficile de réhabiliter des friches polluées dans des territoires excentrés par rapport à l’extension économique actuelle. La faisabilité y est inexistante : je connais ainsi des friches qui ont plus de soixante ans et sont envahies d’arbres et de buissons », a expliqué aux députés, Jean-Louis Denoit, maire de Viviez, dans l’Aveyron, et membre du bureau de l’Association des maires de France.