Les résultats de la campagne de mesure nationale des résidus de pesticides dans l’air (1) ont été rendus publics le 2 juillet 2020 par l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Menée de juin 2018 à juin 2019, elle a permis de mesurer 75 substances (produits phytosanitaires, biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain) sur cinquante sites avec un protocole harmonisé, ce qui n’avait jamais été réalisé.

 

Sur les 75 substances, neufs ont des fréquences de quantification supérieures à 20 % (chlorothalonil, chlorpyriphos methyl, folpel, glyphosate, lindane, pendiméthaline, S-métolachlore, prosulfocarbe et triallate), indique l’Ineris, l’Institut national du risque qui a aussi participé à ce rapport. L’Institut précise que les concentrations moyennes sont très variables. Les plus élevées en métropole ont été relevées pour le prosulfocarbe (2,61 ng/m3) et le folpel (1,03 ng/m3). Le lindane (0,06 ng/m3) et le glyphosate (0,04 ng/m3) présentent les concentrations les plus faibles.

Indices de risques sanitaires

L’analyse des données a permis d’établir une première photographie annuelle nationale concernant les niveaux de concentration en résidus, les fréquences de quantification, et les distributions statistiques. « Il ressort que des substances sont majoritairement associées à certaines productions agricoles sans pour autant être absentes des autres profils », précise l’Anses.

 

Après un premier travail d’interprétation, l’Anses estime que les indices du risque sanitaire sont à un « faible niveau », ce qui « ne met pas en évidence, au vu des connaissances actuelles, une problématique sanitaire forte associée à l’exposition de la population générale via l’air extérieur, hors source d’émission de proximité ».

 

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« Examen approfondi » pour 32 substances

L’Agence a néanmoins identifié 32 « substances d’intérêt », dont neuf interdites, qui nécessitent selon elle un « examen approfondi ». Des travaux sont notamment engagés pour identifier les raisons de leur persistance, et en priorité pour le lindane (très volatil). Cette molécule, pourtant interdite en France depuis plusieurs années, a été quantifiée dans près de 80 % des échantillons analysés. Pour les autres substances prioritaires, « un travail complémentaire d’expertise sera prochainement engagé ».

 

Selon les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), les résultats de ce plan de surveillance « confortent les données » qu’elles produisent chaque année, rendues publiques en décembre 2019. Les Aasqa recommandent l’« incorporation de la mesure des pesticides dans l’air ambiant comme indicateur de suivi dans les dispositifs actuels de réduction de l’usage des pesticides ». Elles souhaitent également que ce suivi soit pris en compte dans les politiques de santé environnementales.

 

Tous ces éléments devraient aboutir à la mise en place d’une surveillance nationale pérenne des pesticides dans l’air.

 

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(1) : Cette campagne de mesures a été menée par l’Anses, l’Ineris et les Aasqa.