L’association Générations futures, qui milite contre les pesticides de synthèse, a publié le 18 février 2020 un nouveau document s’intéressant cette fois à la présence dans l’air de produits phytosanitaires cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR 1 et 2) ou suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (PE). Elle souligne notamment que 27,55 % des quantifications de pesticides dans l’air en 2017 étaient le fait de pesticides de la première catégorie, et 56,33 % de la deuxième.
L’association s’est basée sur les données des plans régionaux de surveillance des pesticides dans l’air, rendus publics le 18 décembre 2019 par Atmo France (1).
« Ces résultats témoignent du fait que l’air est une voie d’exposition réelle des populations à des pesticides PE ou CMR. Ceci est particulièrement préoccupant pour les groupes vulnérables que sont les riverains », a déclaré François Veillerette, directeur de Générations futures.
Une définition large des perturbateurs endocriniens
Pour ce qui est des perturbateurs endocriniens, Générations futures s’est basé sur une liste dressée par TEDX (The endocrine disruption exchange — groupe d’échange sur les perturbations endocriniennes), une association américaine. Sur son site, cette ONG (qui a mis la clé sous la porte en 2019, faute de financement) explique que cette liste répertorie les « perturbateurs endocriniens suspectés » avec « au moins une étude démontrant des propriétés de perturbation endocrinienne » publiée dans une revue scientifique. 1478 molécules sont ainsi listées, dont 512 dans la catégorie « pesticides ».
Il n’existe, pour l’heure, aucune liste officielle de « perturbateurs endocriniens avérés ». L’Anses (2) s’est engagée en janvier 2019 à en publier une d’ici à 2021.
Aucun seuil toxicologique ni réglementaire
Dans le cadre d’un dossier de la France Agricole sur la qualité de l’air, Hélène Budzinski, directrice de recherche en chimie analytique et de l’environnement au CNRS, soulignait que « contamination ne veut pas dire pollution, contamination veut dire présence ». Le terme « pollution » se réfère en effet à un impact négatif mesurable. Actuellement, il n’existe pas de seuils de toxicité concernant les produits phytosanitaires dans l’air, ni de seuils réglementaires.
Plusieurs projets de surveillance sont en cours en France, dont l’un intégrant la notion de lien avec les pratiques agricoles (Projet Repp’air). D’une durée de plus de trois ans, il devrait prendre fin en juin 2020.
(1) La fédération Atmo France regroupe les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), qui réalisent les suivis en région.
(2) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail