Des élevages sans canards, ni volaille. À compter de ce jeudi 15 décembre 2022, et pendant un mois, un vide sanitaire inédit est mis en place pour tenter d’endiguer l'épizootie de grippe aviaire dans 68 communes des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et du Gers.

"Trop d'oiseaux ensemble au même endroit, au même moment"

À l'initiative d'interprofessions comme le Cifog (foie gras) et l'Anvol (volaille de chair), le "plan Adour" exige qu'entre le 15 décembre et le 15 janvier 2022, les communes de ces trois départements du Sud-Ouest, concernées par une importante densité animale, soient "vidées" ou presque de leurs volailles.

Frappés par quatre vagues successives de la maladie, les éleveurs en sont venus au constat "qu'il y avait trop d'oiseaux ensemble au même endroit, au même moment", explique Marie-Pierre Pé, directrice générale du Cifog. Avec un pic de tension au 15 décembre, "moment d'emballement systématique".

Grâce à ce dépeuplement anticipé, les professionnels, conscients de ne pas "pouvoir éviter" l'introduction du virus H5N1, espèrent en éviter la propagation. "On ne peut pas avoir un départ de feu que l'on ne maîtriserait pas", résume la directrice du Cifog.

Un plan pour endiguer l’épizootie de grippe aviaire

Le plan Adour, accompagné d'indemnisations annoncées par le gouvernement, est attendu comme un "outil de résilience pour passer l'hiver" et éviter les abattages par millions de la dernière épizootie. Selon un recensement du ministère de l'Agriculture, environ 21,8 millions d'animaux (palmipèdes et volailles) ont été euthanasiés en France d'août 2021 à mai 2022.

La résurgence exceptionnellement précoce de l'épizootie cet été, avec 164 foyers en élevage recensés depuis le 1er août, a déjà conduit à près de 1,3 million d'abattages, d'après les derniers chiffres officiels. Aucun cas n'a été signalé pour l'heure dans les élevages des trois départements concernés par le plan Adour.

Bientôt des fermes "pilotes" en autarcie

Parallèlement, une expérimentation menée par la Direction générale de l'alimentation est attendue au début de 2023 au sein d'élevages dits autarciques, de faible densité.

Dans ce modèle de production, le caneton ne sort plus de la ferme jusqu'à sa transformation en produit fini. "Nous ne sommes pas des diffuseurs du virus", estime Julien Perez, éleveur au Pays basque, touché par un abattage de tous ses canards en janvier 2022.

Des fermes "pilotes" en autarcie seront ainsi sélectionnées pour en étudier le fonctionnement et les interactions avec l'environnement, "face à un virus devenu endémique", souligne l'éleveur.